Récit modifié le 08/05/2015
Chine-Laos
Ma route : Jinghong, Menghan, Menglun, Mengla, Mohan, frontière Laotienne, Louang Nam Tha, Mouang Sing, Louang Nam Tha, Na Teuy, Oudomxai, Pak Mong, Nong Khiaw, Vieng Kham, Viang Thong, Nam Noen, Mouang Khan, Phonsavan, Phoukhoune, Louang Prabang, du 21-09 au 12-10-2006.
Voilà, je suis rendu à quitter Jinghong, pourtant une ville bien agréable, se sentant un peu ailleurs qu'en Chine, plus paisible que ce que j'ai connu auparavant, et puis sur chaque bord de rues des alignées de palmiers, une atmosphère qui fait qu'on se sent plutôt en Asie du Sud-Est.
En repartant d'ici, je sais que je suis sur le point de quitter la Chine, prévoyant de m'en aller à un petit rythme, planifiant des étapes courtes jusqu'au poste frontière pour profiter jusqu'au dernier moment de ce pays qui m'a tant donné.
Au premier jour, je roule jusqu'à Menghan, à seulement 30 kilomètres, y étant pour l'heure du déjeuner. Mais en après midi, je peux lézarder dans le jardin Dai, y croisant de nombreuses jeunes filles fort jolies. Le lendemain, je continue vers Menglun, légèrement plus loin, m'y rendant en 2 heures 30 au travers d'une végétation variée, traversant d'abord des plantations de bananiers, puis les arbres à caoutchouc, et trouvant en partie haute les ananas. C'est une petite route, prenant plaisir à la voir défiler sous mes roues, faisant haltes à observer ce qui m'entoure. L'avant dernière étape me conduit à Mengla, mettant fin aux longues routes de Chine, et le Laos se faisant proche. Une histoire qui aura été merveilleuse, même si parfois mon parcours fut difficile. Celle-ci en fera partie, devant à 3 reprises avoir recours à la marche et à pousser mon vélo, mais un genou se fait douloureux. Le Xichuangbanna restera une belle traversée, par une route toute à moi, l'ancienne, car à côté court une autoroute, une fois de plus la nature a été sacrifiée. Au quatrième jour, je gagne Mohan, cette fois je suis au bout, dur à réaliser !! Réaliser que cette Chine, hé bien je suis venu à la parcourir, la visiter avec mon simple vélo, qu'elle m'a fait souffrir physiquement, mais que malgré cela je l'aime. C'est un pays qui m'a laissé des souvenirs comme aucun autre.
Au 25 septembre, pour mon dernier matin, la Chine est dans la brume et Mohan bien calme. A 7 heures 30, mon vélo est prêt, dernier petit déjeuner avec des boazi et une soupe de riz. Puis alors il me faut me libérer de mon restant de yuans, faisant la négociation chez une commerçante. Accord pris sur le taux, je laisse la femme réunir la somme. De la valeur de 100 euros que j'échange, je me retrouve avec une liasse de 2 centimètres d'épaisseur, à ne pas savoir où les mettre. Puis à l'autre bout de la bourgade, je trouve le poste frontière de sortie, je dois me présenter pour faire tamponner mon passeport. La formalité se fait rapidement, regagnant alors mon vélo. J'avance jusqu'au dernier contrôle, qui s'avère détendu avec les douaniers. Cette fois je suis quasi dehors, je dois quitter ce pays, mais sans avoir un ultime regard pour la Chine entière. Me retournant vers elle, un bras levé, je la salue, lui annonçant que je reviendrai.
Le douanier me faisant signe de filer, j'enfourche mon 2 roues pour une nouvelle destination, une autre route s'ouvre à moi, celle de l'Asie du Sud-Est et de l'Australie.
Après 2 kilomètres, je peux trouver le poste laotien, y faisant mes formalités d'entrée. Me voilà donc en Asie du Sud-Est, trouvant tout de suite une différence par une circulation vraiment minime. Je fais alors route vers la ville la plus proche, à savoir Louang Nam Tha. Mais le Laos je connais déjà pour y être venu dans la région nord il y a 4 ans. D'ailleurs c'est un pays qui me laissa un souvenir tout particulier, car c'est ici, au cours de ce séjour passé que je pris la décision de partir pour cette longue aventure, et aujourd'hui je peux la vivre.
La distance de 60 kilomètres me sépare de cette ville, la route est belle, un plaisir à rouler, et puis le calme est retrouvé, pas un véhicule, même s'ils ne sont pas nombreux vient à me klaxonner, alors qu'en Chine de chacun d'entre eux, j'avais droit à un hurlement sonore. La nature est dense, trouvant de petits villages bien rudimentaires. Les gamins continuent de me lancer des bonjours, faisant ma première rencontre après seulement 15 kilomètres, m'arrêtant les voir et partageant un moment biscuits avec eux. Partout où je passe, leurs petites mains s'agitent. Je finis par gagner une plaine à riz, Louang Nam Tha n'est plus loin, retrouvant la même qu'il y a 4 ans.
Dès le lendemain, je fais route vers Mouang Sing. La route n'est pas importante, pourtant le lieu est largement visité, trouvant des minibus faisant la navette. La végétation continue d'être épaisse, et les gamins en bord de route toujours là à me lancer les bonjours locaux par "sabaidee". Je mène un parcours en solitaire, lequel devient pas facile. Mais après 40 kilomètres, la facilité revient, la route redescendant, et puis un regain de vigueur se fait sentir. En gagnant la localité, je me retrouve à loger à la même place que la fois passée. A Mouang Sing, je retrouve Nobu, un Japonais, trouvé auparavant à la frontière et à Louang Nam Tha. Je passe 2 jours à Mouang Sing, un lieu paisible, mais qui a perdu de son attrait en comparaison d'il y a 4 ans, un nouveau marché a été construit et on rencontre beaucoup moins de minorités. De là, je fais retour sur Louang Nam Tha, ne m'y arrêtant pas, mais poursuivant jusqu'à Na Tuey pour la nuit. C'est une petite bourgade où j'y suis peu avant la nuit, trouvant misère pour me loger, à chaque porte que je tape, on me fait comprendre qu'il n'y a pas de place pour moi. Je finis par penser que je suis le malvenu et que la Chine ne m'aurait pas fait cela. Je cherche aide auprès de la police, mais personne ne se présente. Finalement, c'est à la cinquième tentative que j'obtiens refuge pour la nuit. Avant que le village s'endorme, je prends un dîner qui est le bienvenu.
Je poursuis ma route vers l'est, en direction de Sam Neua. Je m'élance vers Oudomxai, après avoir déjeuner en compagnie de 3 jeunes femmes de Vientiane. Le temps est superbe, le ciel bleu et ensoleillé. La première partie du parcours est facile, pouvant me ravitailler à Na Mo, passant ensuite plus dur, devant marcher et pousser. Je roule dans une nature où le défrichement ressort, continuant de trouver de petits villages, contournant des vallées. Je gagne Oudomxai en milieu d'après midi, cherchant à faire du change, mais le banquier s'en met trop dans la poche, le faisant alors au noir. Au petit matin, un désagrément me revient avec un haut-parleur dans lequel retentit la radio locale, cela à 5 heures 30. La nuit est comme finie, attendant de se lever et de prendre la route. Je repars en compagnie d'un jeune moine, pour une longue ascension, le laissant en chemin, continuant ma progression par un temps chaud. Le parcours devient difficile ayant recours à la marche, voyant alors mon trajet long en temps. Par la suite, ça reste une succession de montées et de descentes, mais courtes à chaque fois, jusqu'à pouvoir tout laisser aller et arriver sur Pak Mong. L'idée de continuer m'avait traversé la tête, mais le vélo posé, je me rends compte que ça fait assez. Le jour suivant j'arrive à Nong Khiaw pour un premier repos, faisant quelques rencontres dont Jennifer et Françoise qui se passionnent pour ce que je fais.
De Nong Khiaw, je m'en vais vers un parcours peu fréquenté, les touristes ne prennent pas cette route, cherchant alors à prévoir mes arrêts, repartant avec une liste simple de phrases en lao pour éventuellement rester dans les villages. Au premier que je passe, un jeune garçon vient en côté de moi sur son vélo, puis on me sollicite pour passer la nuit là. Il me faut d'abord manger, m'installant chez le petit père qui tient le guest house. A peine installé, une fille qui a vu mon vélo vient vers moi me demandant si c'est le mien. Elle me dit qu'elle est aussi à vélo, y croyant à peine, vu la région dans laquelle où je suis. Il s'agit d'une Japonaise partie de Hong Kong. Elle reste donc là, passant un long moment à discuter ensemble, attendant la soirée pour dîner, le village s'endormant à la lueur des bougies. Au matin quand je me lève, Yuki est prête à partir, prenant la route d'où je viens. Moi je continue de mon côté, ayant obtenu information de cette fille pour rester la nuit à venir. Nouvelle portion montante, par une route parfois moyenne mais uniquement pour moi. Cette région est un peu le bout du monde, l'écart est grand avec les villes modernes de Chine où l'informatique envahissait la jeune population. Ici rien n'apparaît, occupations ou distractions, rien n'existe. Je gagne le lieu que m'avait indiqué Yuki, plus petit qu'hier, devant y faire un aller-retour avant de trouver une dame qui me propose si je veux manger. Rassasié, finalement je reste là, ces gens me demandant si je veux aussi dormir. Le soir, on me sert un dîner, la nourriture restant la même hormis qu'on me propose du poulet, le reste étant le riz gluant et des légumes verts. Pendant ce temps, une bande de jeunes viennent s'évader un instant devant la télévision, chaque maison n'en est pas équipée. A 21 heures, tout le monde s'en va, c'est l'heure d'aller au lit.
Cette route va m'emmener jusqu'à Viang Thong, de là le Vietnam n'est pas vraiment loin. Mais j'emprunte le camion pour faire la boucle et rejoindre Nam Noen, et heureusement car la route est montagneuse, de terre, humide et collante. A Nam Noen, je fais un autre saut en fourgonnette, car la bourgade suivante se trouve trop loin avec 86 kilomètres, et sans savoir si je peux me ravitailler. Me reste alors plus qu'une étape pour arriver à Phonsavan. Cette région est portée dans les guides et brochures de voyage avec la plaine des jarres, mais le site numéro 1 me suffit, je m'attendais à autre chose.
A présent je prévois rejoindre Louang Prabang, et sortir du Laos par le Mékong en allant sur la Thaïlande. A Namchat, je vis une nouvelle expérience en restant dans une famille pour la nuit. En arrivant ici, j'ai pu rencontrer un guide local, me retrouvant avec lui dans cette famille, et aussitôt un lit m'était donné. On ne se posait pas de questions sur qui j'étais et d'où je venais. Je me disais que c'était sans doute un des plus petits lieux où je restais pour la nuit. Après mon dîner, en regagnant cette famille, à 20 heures la maison est fermée par des planches que l'on assemble les unes à côté des autres, le gars me disant, "on dort". La famille se réfugie dans la pièce d'à côté. C'est à nouveau un écart incroyable avec la Chine, où certaines villes restaient animées une partie de la nuit, j'ai souvenir de ces salons de coiffure encore au travail à minuit. De là, il me restait une étape pour rattraper la route de Louang Prabang et Vientiane. Mais pas des plus faciles, grimpant sur de longs kilomètres, mais superbe à parcourir, surtout si vous êtes à vélo. Arrivé à Phoukhoune, je tombais sur 2 cyclistes, Arnaud et Stéphanie de Suisse, cherchant comme moi à rester là pour la nuit, un endroit où peu de touristes s'arrêtent à moins d'être à vélo. Ils s'en vont vers Louang Prabang également, planifiant pour faire la route ensemble. Au matin, c'est un lever à 5 heures 15, le jour à peine là et la bourgade encore endormie. A 6 heures 30 on est prêt à s'en aller pour une route longue de 130 kilomètres, mais sans vraiment savoir si on ira au bout, car 2 longs dénivelés nous attendent. La route est pittoresque, par moment dans la brume, et les nuages de reste sur les vallées. De me retrouver à rouler à 3 m'apporte un changement et me plaît. Une longue ascension nous amène à Kioukacham, la fatigue se faisant sentir alors qu'on n'est pas à mi-chemin. Un bon repos et un ravitaillement nous permettent de repartir dans une descente de 25 kilomètres, gagnant une rivière, pour ensuite, hé bien remonter. Cette fois c'est 15 kilomètres qui nous attendent, les gravissant assez facilement, et arrivant dans la descente à Xieng Ngeun. A ce moment, nous sommes fixés à en finir, Louang Prabang sera atteint. Il nous reste une dernière portion de 25 kilomètres, une ultime bosse à passer. Peu avant 18 heures, nous y sommes, retrouvant Louang Prabang pour ainsi dire la même. On peut souffler et s'installer après une journée toutefois éprouvante. Au bord du Mékong, on peut savourer cette arrivée, et dîner ensemble. Depuis je profite de cette ville fort plaisante, faisant la rencontre de d'autres voyageurs, dont Alain et Chantal qui me ramènent un instant en France en étant de Rennes.