Chine
Imprimer - English translation
Ma route : Panzhihua, Lijiang, Qiaotou, Lijiang, Heqing, Dali, Weishan, Nanjian, Jingdong, Zheng Yuan, Puer, Simao, Puwen, Dadugang, Mengyang, Jinghong, du 26-08 au 15-09-2006.
Au 26 août je quitte donc Panzhihua, ma dernière ligne chinoise qui démarre.
Après hésitation, pour ce faire je prends le bus, car c'est un long trajet et montagneux. Pourtant un Chinois était prêt à faire avec moi cette route qui mène à Lijiang. En chemin, c'est sans regrets pour ce choix, la route est d'altitude et pendant plus de 3 heures le bus chemine sur des pierres faisant office de pavés. Que je suis heureux de ne pas être sur mon vélo pour une fois, cela m'aurait valu un parcours à pied en le poussant. Et puis je peux voyager en compagnie de 4 jeunes de Chengdu, profitant de leur présence et des panoramas. C'est une longue route, avec pourtant un arrêt en chemin pour révision de la mécanique, mais le trajet sera en mesure de se poursuivre, pour finir bien tard à la nuit. En arrivant, Gugu, Rong Rong, Xixi et Zuzu se chargent de me trouver à loger, me retrouvant dans la vieille ville chez un couple d'anciens.
Le lendemain matin, sur place je fais la rencontre de 2 Anglais, David et Geoff qui logent au même endroit. Dans la journée, je peux débuter l'exploration du vieux Lijiang, je ne peux le nommer autrement avec tout ce dédale de rues ayant du mal à m'y repérer.
Je peux aussi faire connaissance avec les gens qui me logent, He Yan Fei, une dame merveilleuse, et son mari Tan Shu Qi. Au deuxième matin, cet homme s'en va à la pêche, pour revenir seulement quelques heures après avec plusieurs kilogrammes de poissons, et de taille impressionnante. Pendant ce temps, auprès de cette dame et d'une de ses amies, je leur parle de mon histoire, leur montrant mes articles de presse chinoise. He Yan Fei, vient alors à me dire, "et Lijiang ?". C'était reparti, une nouvelle fois on voulait faire parler de moi. Je lui réponds alors, "OK". Aussitôt cette femme prend son téléphone et fixe rendez-vous pour l'après midi.
De la pêche, David, Geoff et moi-même, nous sommes conviés à partager le déjeuner avec ce couple. Par He Yan Fei, je me fais appeler Chianlima, mon nom chinois, cette femme venant à me dire, hé Chianlima mange, hé Chianlima encore un peu, hé Chianlima il faut finir. Et Chianlima écoute, mangeant et finissant ce superbe plat. Je reçois admiration de He Yan Fei, souvent le pouce levé devant moi, ayant pris cas et conscience de l'aventure que je mène après lui avoir sorti tout un tas de documents et de cartes. Mais cette femme est adorable, prenant un plaisir immense à être avec elle, bien que la langue une fois de plus nous fait barrière. Mais peu importe, je suis heureux avec elle, lui donnant et partageant du temps en sa compagnie. Pour ainsi dire, chaque matin en descendant, je me fais offrir de petites choses à goûter et à manger.
Dans l'après midi de ce 28 août, le rendez-vous est donc venu, mais pour me retrouver devant la télévision, pour parler de cette fameuse aventure. David qui comprend et parle le chinois, intervient parmi nous, en soutien à la femme du journaliste qui enseigne l'anglais. Le moment est sympathique, durant près de 2 heures. Les gens de Lijiang vont me découvrir d'ici peu.
A cette même place, un Chinois, Gao Ming, logeant là aussi, m'accapare, passionné par ce que je fais, allant à me faire de petits dessins et me laissant sur papier des compliments.
Lijiang était un lieu où je voulais venir. Dans la région figure les fameuses gorges du Saut du Tigre. David et Geoff sont également pour y aller, leur demandant si je peux me joindre à eux. Il faut se rendre à Qiaotou en bus, également avec nous Shifra une Américaine et Náama une Israélienne. C'est une exploration qui se fait à pied par un sentier grimpant en surplomb du Yang Tse Kiang qui vient couler ici. Après 2 heures 30 de marche, nous arrivons dans un village pour passer la nuit dans une famille Naxi, une minorité de la région. C'est une soirée délicieuse, perdu dans la nature, au calme, loin de l'agitation des villes modernes et bruyantes de Chine, dans un lieu qui était entré dans mes rêves il y a bien longtemps, que de bonheur !!! Le lendemain matin, tout est silence, c'est merveilleux, pouvant observer le soleil illuminer le ciel, arrivant de derrière la montagne Yulong, encore appelée le mont enneigé du Dragon de Jade. Tout cela me remplit les yeux et m'embaume le coeur, me laissant aller à l'extase, au rêve, à l'imaginatif, à l'envie d'aller au travers de ce monde.
Tous les 5, nous démarrons notre marche vers les gorges, souvent seul devant pour être en communion avec la nature, la respectant, l'observant, l'admirant. Puis alors je marque une pause, attendant que mes amis me rejoignent. Ensemble nous pouvons échanger différentes choses de la vie. Je trouve une nouvelle amie auprès de Náama, qui m'invite à passer la voir dans son pays, un nouvel itinéraire se trace dans mon esprit. Nous escaladons le sentier, qui nous fait monter à 2700 mètres d'altitude, ayant alors des vues magiques sur les gorges du Saut du Tigre et le Yang Tse se frayant un chemin au travers, pouvant se trouver à certains endroits très étroite, la montagne est restée maître allant à lui brider le passage.
A midi nous faisons pause pour partager un déjeuner, et échanger nos vies. Après quoi, notre marche peut reprendre, au travers d'espaces libres et purs, souvent en arrêt pour capter les plus belles images sur mon 24x36. Le moment est inoubliable et magique, c'est un lieu merveilleux. Nous croisons d'autres marcheurs avec des Chinois, des Polonais, un Suisse, une Allemande, un Australien, un Français. Des gens comme nous qui recherchent l'évasion. Quelques locaux habitent les environs, vivant d'une petite agriculture, se déplaçant à pied, et utilisant les mulets pour le portage des charges. Notre marche est longue, nous amenant tard à rejoindre l'extrémité du sentier qui nous fait redescendre au bord du Yang Tse. Mais peu importe, le temps est à nous, cherchant à ce que le rêve d'être ici se prolonge. En bas nous retrouvons le Français Thomas, l'Allemande Nina et l'Australien Simon qui ont randonné ensemble. Nous trouvons également là, un frère et une soeur de Pologne.
Le lendemain, nous faisons retour à Lijiang. Je peux continuer ma découverte de la vieille ville, avec l'énorme charme de ses rues pavées de grosses dalles de pierres par endroit, sans doute datant de longtemps. Ses ruelles, à certains moments, sont bordées de boutiques et parcourues de visiteurs. Ici règne un charme et une quiétude, à se promener dans ses petites rues, à s'y perdre, passer de petits ponts enjambant des cours d'eau, se laissant aller de-ci de-là, flâner, observer, regarder, croiser, s'arrêter. Et puis la nuit venue, la cité devient magique avec toutes les illuminations lui donnant un tout autre aspect, prenant des couleurs arc-en-ciel, un charme reste présent ! De Lijiang, j'ai du mal à m'en défaire et à la quitter, c'est vraiment un lieu plaisant, tout comme He Yan Fei et Tan Shu Qi de qui je garderai un superbe souvenir.
Je continue donc ma route à vélo pour aller vers Dali. Je vais y mener une étape de folie. Parti à 8h30 le matin, je vais en finir peu avant 20h le soir, après 145 kilomètres. Le début de l'étape est vraiment roulant pour faire 50 kilomètres en 2h05. Mais derrière, va se présenter un passage montagneux, lequel va me prendre un long moment, mais le gravissant sur mon engin, ne lâchant pas, prenant pauses pour récupération, puis repartant. Malgré cela j'attends de parvenir au plus haut, lequel se fait attendre, semblant l'apercevoir, puis le voyant disparaître. La route va zigzaguant, prenant un tournant à droite, pour revenir sur la gauche, montant régulièrement, découvrant à chaque fois des panoramas sur les bas et la vallée garnie d'une forêt. Le parcours est enchanteur, le grimpant à petit train, me voyant parfois comme un échappé de montagne. Finalement, après une longue chevauchée, je peux laisser aller librement mon 2 roues, pour enfiler les lacets à la descente. Voyant 2 cyclistes dans la montée, ils viennent à traverser la route pour venir me saluer. Et curieusement, ce sont des Français, Xavier et Nathalie, partis depuis plusieurs années, s'en allant vers le Tibet, pour ensuite faire retour vers la France. En les laissant, je poursuis ma route à la recherche d'un point pour la nuit, ce qui m'oblige à rouler plus long que j'aurais voulu. J'en finis bien fatigué, ce fut une longue journée. De là Dali n'est plus qu'à 20 kilomètres, faisant une halte dans une autre ancienne ville, mais n'ayant pas le charme de Lijiang. En quittant le vieux Dali, je ne distingue pas clair le lac Er Hai, pourtant une étendue d'eau énorme. Je fais maintenant route vers le sud du Yunnan et le Xichuangbanna, mais sans vraiment savoir quel itinéraire prendre, c'est montagneux, et je veux m'épargner des misères.
Depuis le nouveau Dali, 2 routes se présentent à moi pour aller vers Nanjiang. Je prends la secondaire qui rattrape un cours d'eau. Mais au départ le temps est menaçant, des chauffeurs de taxis m'annoncent qu'il ne pleuvra pas, mais aussi que ça va montant sur 10 kilomètres. Je gagne le point haut sur mon vélo, ça va bien, mais la pluie me prend. A la descente je suis même dans les nuages. Après accalmie, elle reprend, me mettant à l'abri, mais ne cessant pas, je repars. Vers 13h, je gagne une bourgade, ne sachant pas que c'est Weishan, y prenant alors mon déjeuner. Je continue en m'enfonçant dans une vallée, suivant une rivière. Le parcours est agréable et beau, légèrement descendant, emmenant mon engin autour de 35 kms/h. Je suis euphorique et heureux !
Les kilomètres défilent à grande vitesse, marquant plusieurs fois arrêt pour la photo. En milieu d'après midi, l'étape est faite, et trouvant à loger à la première demande. Je continue vers Jingdong, mais sitôt quitté la ville, le parcours va montant et en lacets me retrouvant à plusieurs fois en vue d'où je viens, et cela va durer une vingtaine de kilomètres. Le parcours va donc lentement sentant mes forces qui diminuent. A la descente, à la première localité je me ravitaille et étudie avec un gars la suite de ma route, optant pour suivre une rivière, en principe plus facile. Et je vais pouvoir reprendre à rouler ardemment, voyant mon compteur défiler et m'afficher du 30 voire 40 kms/h. Avec cela la nature est belle et agréable. Sur une bourgade, je trouve un marché aux bestiaux, m'arrêtant un instant. Sur une autre je crée regards sur moi en m'asseyant parmi les gens pour avaler un bol de nouilles. Sur la route je croise des bandes de gamins tirant des yeux ébahis en me voyant passer, me lançant malgré cela des "hello", et ne manquant à aucun moment de leur répondre, ce qui les amène au rire. En allant sur Zhengyuan, je me fixe une étape moins longue, les plus de 100 kilomètres, ça fait assez, et puis le Laos se rapproche vite, je n'ai pas à m'affoler. Mais j'en finis avec un genou qui me fait mal, demain je devrais me mettre au repos. De là, nouvelle hésitation de parcours, la route principale est montagneuse me dit-on, et me forcerait à de longues étapes pour trouver halte pour la nuit. Une discussion avec un homme, et je vais me trouver guidé sur une route secondaire, plus facile me dit-il, et moins longue que l'autre itinéraire. Je peux poursuivre pour aller vers Puer. Mon genou semble aller mieux, roulant à nouveau d'arrache-pied. Je suis toujours en bordure d'une rivière, ce qui est de bon augure. La route est belle, peut-être le seul à l'emprunter. Par moment, je pourrais me croire en forêt vierge, les arbres ne laissent pas un espace de libre entre eux. Peu de gens vivent par ici, juste quelques petits hameaux. A mi-parcours de ce que je me suis fixé, je m'arrête avaler une grosse ration de riz dans un petit bourg. Sans doute, peu voire pas de touristes sont passés là avant moi, encore moins à vélo, les gens semblant alors heureux d'en voir un.
En touchant Puer, je marque un nouveau pas sur mon aventure, car je suis à mes 2 ans et demi de route. Le lendemain, je roule vers Puwen, laissant de côté Simao, ma dernière grosse localité chinoise. Je me ravitaille alors d'un gros saladier de riz et légumes, la fille me l'apportant regardant l'ustensile et moi-même, se demandant sûrement si j'allais pouvoir l'avaler, mais pas de reste ! Je continue, faisant mon entrée au Xichuangbanna, le dernier district du Yunnan avant le Laos. Le soir à Puwen, je marque souvenir de ce nouvel anniversaire, ces 2 ans et demi, par un bon repas, continuant d'être incroyablement surpris de tout cela, mais ô combien heureux et fier ! C'est une vraie aventure que je vis. Me reste plus qu'à rejoindre Jinghong, ça se fait par l'ancienne route, l'autoroute vaguant à côté. C'est au travers d'une réserve naturelle que je m'en vais, dans une végétation en abondance et superbe, c'est une autre Chine qui m'apparaît. Une halte pour la nuit à Dadugang me fait me retrouver parmi les plantations de thé. Autre culture que je peux trouver, ce sont les bananiers.
Jinghong, j'y suis au 15 septembre. Cette fois ma route en Chine est comme finie, après 11 mois passé ici pour avoir roulé sur 19 provinces, le pays en comptant 33 tout confondu (27 provinces, 4 municipalités, Hong Kong et Macao), tout cela pour arriver à 13.000 kilomètres. Un pays qui m'aura fasciné par sa diversité, son étendue, ses différences d'une région à l'autre, sa cuisine. Un pays d'un accueil incroyable, et là je veux dire à tous les Chinois que j'ai croisé sur ma route, un énorme merci. En effet, toutes ces rencontres m'ont marqué, me laissant des souvenirs mémorables, à jamais. Je voudrais citer les 4 routiers Zhang Guo Ming et Zhang Guo Lin, Hang Wen Bing et Wu Yong rencontré dans ma traversée du désert du Taklamakan, passant 2 jours superbes avec eux, Goulam et Razia m'accueillant chez eux à Shanghai, Zou Jun Yuan à Tongli, les habitants de Fulu, Ni Ren Li à Leshan, Xiao Jun à Chengdu, un gars hors du commun et devenu plus qu'un ami, Lee à Chengdu, Li Fangping à Leshan, Jing Hua à Suijiang, Yan Lei et ses parents à Zhaotong, Wei Lancong à Pingxian, Chenli à Chengdu, Ma Tao à Panzhihua, He Yan Fei à Lijiang. Tous ces gens, mais bien sûr sans oublier les autres, je les salue, ayant trouvé auprès d'eux des amis, ayant passé en leur compagnie des moments très chaleureux, formidables, ayant vécu des choses incroyables, m'ayant apporté chaleur et bonheur, me donnant à chaque fois force et envie d'aller plus loin pour des moments aussi merveilleux.
Mais aujourd'hui, même si je dois m'en aller, et poursuivre ma route, pour sûr pour eux je reviendrai, la Chine m'a adopté et je l'aime.