Chine
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Ma route : Wuhan, Yichang, Wanxan, Dazhou, Nanchong, Pengxi, Anju, Lezhi, Ziyang, Renshou, Jingyan, Leshan, Pengshan, Wenjiang, Dujiangyan, Chengdu, du 01 au 23-03-2006.
Wuhan me tarde à poursuivre avec la neige qui tombe pendant 2 jours et des températures revenues proche de zéro. Le froid est présent et pour me réchauffer de l'intérieur, je m'en vais avaler des rations de lamiàn, soupe de nouilles au boeuf que je trouve chez les musulmans, le plaisir étant inlassable, délectant un bouillon à ne pas m'en rassasier tant la saveur est grande. Par la météo, le choix de ma route me préoccupe, me posant la question pour faire un saut vers le sud. Mais les trajets sont longs et transporter mon vélo n'est pas tout simple. Je choisis donc de poursuivre sur mon idée, en quittant Wuhan en bus et rejoindre rapidement Yichang. De là je peux embarquer sur le Yang Tse Kiang dès le lendemain. C'est une remontée que j'attends, sans vraiment savoir ce qui reste des 3 gorges. Au premier jour nous arrivons sur un barrage, pensant être sur la fameuse construction, et je ne m'y trompe pas. En 2 heures il y a franchissement de 4 écluses, des couloirs immenses, tant par leur longueur que j'ai estimée à 350 mètres, que leur hauteur supportant d'importantes montées d'eau, de 20 mètres à chaque fois. L'ouvrage est gigantesque et pourtant pas terminé. A la sortie de la dernière en service, je peux le découvrir sur sa totalité. Mais la nuit est à présent proche et les 3 gorges n'apparaîtront pas à mes yeux, mais peut-être sont-elles déjà en partie noyées. Au matin, je gagne Wanxian et remonte sur mon vélo, la température est clémente, allant jambes nues.
Mon périple est reparti, mais par une route accidentée, le Sichuan se fait sentir.
Mais les gens m'amènent surprises et bonheur, tels avec ceux de Fu Lu. D'arrêt pour la nuit dans cette bourgade, 2 jeunes vont chercher à me côtoyer, se disant qu'ils ont la possibilité de rencontrer un étranger et de parler anglais. Ils viennent alors à me tenir compagnie, allant ensemble acheter des jiaozi, mais congelés. Les cuisiner ne m'intéresse pas, mais une dame se trouvant là, vient à me dire un semblant de, "viens je vais te les préparer". Direction sa maison pour se mettre en cuisine, mettant la main avec elle, l'amusant ainsi que tous les gens qui étaient là. De la rue et des voisins, on venait voir ce qui se passait, les enfants pointant leur nez, et allant à jouer avec eux. Durant mon repas on restait là, cherchant à savoir qui j'étais. En leur annonçant que j'étais célibataire, on était pour me présenter à une jeune fille. Puis ils voulaient un souvenir photographique, se faisant chez le photographe. C'est une vraie série que l'on est venu à faire, me retrouvant même avec un bébé chinois dans les bras. Les enfants n'étaient plus craintifs, mais voulaient m'approcher, leur portant sur un papier mon nom. Venant à dessiner pour l'un d'entre eux un vélo, les petites mains revenaient pour une deuxième attente. Les têtes nouvelles ne cessaient d'apparaître, me demandant s'ils ne se passaient pas le mot. Mais le plaisir était immense, allant à passer 3 heures avec eux.
En repartant le lendemain, les enfants dormaient encore alors que j'enfourchais mon vélo pour aller voir plus loin. La route continuait d'être ardue, devant en partie pousser mon vélo 3 jours répétés. Je me disais que c'était aller à l'épuisement, prenant de nouveau le bus. C'était sans regrets, car sous la pluie et en passant des tunnels, en faisant route par l'autoroute. A vélo, il m'aurait fallu passer par le haut. L'anomalie d'un pneu m'obligeait à faire halte pour la nuit. A peine installé, un gars avec une caméra sur l'épaule apparut accompagné d'une fille le micro à la main; on avait appelé la télé, et arriva pour la discussion un professeur d'anglais du lycée. Le moment fini, cet homme voulut m'emmener au lycée devant ses élèves. Sur place je créais émulsion chez les jeunes, et chaque professeur voulait m'avoir à son cours. En soirée, ils m'ont fait partager un dîner en leur compagnie.
De là ma direction était d'atteindre Leshan. Je devais à nouveau faire trajet sur une route horrible, obligé d'aller en bus pour en venir à bout et m'en sortir, mais voyant un cauchemar pour mon vélo. Une seconde portion allait se présenter en dernière étape, la colère me prenant face à un routier qui me barra la route, et venant à l'insulter pour lui faire savoir mon mécontentement et sa stupidité. De cette traversée jusqu'ici, c'est au travers d'une nature colorée de jaune par le colza que j'enfile les kilomètres. Mes passages dans les villages continuent de me fasciner, mais aussi d'attirer les regards et les approches vers moi, les Chinois ne cessant de me féliciter.
Leshan restera le passage vers ma troisième année, et mes 42 ans. Mais ce sera aussi un souvenir fabuleux, incroyable, inoubliable avec un homme de 78 ans, Ni Ren Li. A mon premier matin, je suis parti à la découverte de cette ville, pour arriver sur un endroit de détente au bord du fleuve. Là, un homme, cet homme, sous les regards des passants était le crayon à la main, le faisant naviguer sur sa feuille de dessin. En m'apercevant, nos regards se sont arrêtés un instant l'un sur l'autre, m'offrant et lui offrant un sourire, une sympathie. Libéré de son occupation, il est revenu vers moi, me demandant de m'asseoir pour lui. Je ne me voyais pas là pour ce fait et étais donc hésitant. Puis un homme parlant anglais vint à me dire, "mais c'est sans argent, juste pour son plaisir et te l'offrir". Alors juste pour son plaisir, je me suis assis, le laissant faire, l'observant, continuant de croiser son regard, prenant à mon tour plaisir à être avec lui. Tout était silence, lui s'appliquant, moi patientant, les gens attendant que la feuille se remplisse. Il apporta la finition à l'encre de chine. Puis vint le moment où il me présenta mon portrait, fier et heureux de ce présent qu'il me remettait. Nous venions alors à faire des photos souvenirs ensemble. Mais ce nouvel ami ne voulait pas s'arrêter là, il sortit une seconde feuille, me demandant de reprendre place, cette fois pour le travailler au crayon à papier.
En le quittant, il me demanda de revenir le lendemain. Au deuxième jour à Leshan, je m'en allais au matin voir le Grand Bouddha, un peu ma raison d'être ici. C'est un site remarquable, dans une vraie nature, luxuriante, où la promenade devient détente jusqu'à l'arrivée des groupes. La statue est phénoménale pour être la plus grande au monde, pouvant y descendre à ses pieds, et là se retrouver vraiment tout petit. Je quitte l'endroit au moment où il se fait donc envahir. Je fais retour vers le lieu de vie de mon ami. Sitôt qu'il m'aperçoit, comme il me l'avait annoncé, il se met en préparation de son plan de travail, y fixant une feuille de grande taille me demandant alors ce qu'il va me faire. Puis il me fait prendre place, debout devant lui. Je suis fasciné par cet homme, attachant, généreux, d'un grand coeur, heureux de prendre part à son plaisir. Alors il me fait venir près de lui, mes traits sont sur son papier, allant maintenant à faire mon vélo, puis le Grand Bouddha. Hier, il me l'avait bien annoncé. L'esquisse finie, il me dit, "couleur". Je n'y crois pas, le voilà qu'il sort les pinceaux et la gouache. Les spectateurs deviennent plus nombreux, on cherche à me connaître, Ni Ren Li s'en chargeant allègrement avec la photo du passage d'un col himalayen que je lui ai offert. L'après midi n'est pourtant pas finie, surprise, c'est la télé qui fait son apparition. La Chine continue d'être incroyable avec moi. Ni Ren Li est toujours les pinceaux en mains, cherchant à apporter la perfection, dédicaçant l'oeuvre avec l'aide d'autres personnes. La toile finie, il me la présente, touché que je suis en recevant quelque chose d'aussi mémorable pour mes 42 ans, y étant à la veille.
Ce jour, j'ai choisi de le passer avec Ni Ren Li.
Le 17 au matin, mon idée est donc de le retrouver. En m'y rendant, j'ai la surprise à un kiosque à journaux de me trouver avec mon ami en couverture d'un d'entre eux. Je souhaite apporter de quoi partager un repas ensemble. Je m'affaire donc à trouver ce qu'il faut, puis alors gagne la place qu'il ne quitte pas. Face à face nous avalons notre soupe de nouilles et de gros raviolis, le plus simple qui soit mais chinois. Tous les 2 sur notre banc, nous prenons un nouveau plaisir à être ensemble, cet homme continuant de me surprendre en le voyant apprendre un rudiment d'anglais. Son passe-temps ici ne s'arrête jamais, le voilà qu'il fixe sur sa planche à dessin la page du journal et l'article me concernant pour la rendre lisible aux passants. Aujourd'hui ses crayons sont au repos.
Je finis par laisser mon ami, et poursuivre ma découverte de Leshan.
De Leshan, j'entame une légère remontée vers le nord, je veux tenter d'aller voir les monts Quingcheng, et de faire retour par Chengdu pour retrouver 3 cyclistes chinois. A mon arrivée à Dujiangyan, je peux alors prévoir la visite de cette montagne. Mais mon état physique va m'en empêcher, pris avec une grosse douleur à l'épaule, et puis la météo est pluvieuse. Je reprends alors contact avec les gars de Chengdu, et j'ai le copain Xiao Jun qui me dit de le rappeler sitôt que je serai sur place. Je patiente attendant de soigner mon épaule, pour au deuxième soir voir le copain arriver à Dujiangyan. Je ne le crois pas, il a fait le déplacement pour moi. C'est à ne pas y croire, ce garçon a trouvé pour venir un copain avec une voiture, et un autre qui parlait anglais. Après quoi il a trouvé mon hôtel puis est arrivé à moi, me disant, "Hervé, tu viens on va dîner". Je dirais plutôt festoyer, avec ce qu'on a commandé pour moi. C'est un plaisir pour les papilles, et un bonheur d'être avec ces garçons. Et avec cela, il me dit qu'il serait venu la veille après l'avoir appelé s'il avait pu. Le rendez-vous est à présent pris pour Chengdu, il est déjà à prévoir mon temps avec lui. Je laisse donc Dujiangyan avec ses visites aux prix exorbitants; me sentant mieux, remonte sur mon vélo et rejoins mes amis qui m'attendent. Je prévois faire mon arrivée à Chengdu, une seconde fois devant la statue de Mao, l'ayant signalé à mon ami. J'y parviens après la traversée de la ville, et là je découvre Xiao Jun qui arrive en face de moi. Pour m'accompagner, il est venu avec son vélo. Il me trouve où loger, puis alors un dîner m'attend pour retrouver Chen Xiao Fei et Luo Wei. Chengdu ne me laissera pas seul.