Chine


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Ma route : Kashgar, Artux, Sugun, Sanchakou, Aksu, Kuqa, Luntai, Korla, Yanqi, Toksun, Turpan, Hami, Jiayuguan, Zhangye, Shandan, Wuwei, du 7-09 au 4-10-2005.


Kashgar m'aura surtout accueilli pour me rétablir, en devant à 2 fois récupérer des médicaments en pharmacie. Mon rétablissement ne vient pas vite, et chaque jour je dois me donner du repos supplémentaire. Heureusement, il y a eu l'arrivée de 2 gars, Rob et Dave, apportant un réconfort par le fait de se retrouver entre cyclistes. Les jours suivants, c'est des gens déjà trouvés en chemin qui arrivent à Kashgar, dont Julien et Marianne. Nous sommes donc souvent amenés à se voir, allant avec Rob et Dave découvrir le fameux marché du dimanche. C'est un lieu curieux que l'on prend plaisir à parcourir, pouvant apercevoir un tas de corporations, les plus particulières étant les bouchers découpant leurs carcasses de viande à même dans la rue, et les gargotes servant pour petit déjeuner des têtes de moutons bouillies. L'activité bat son plein, le commerce est présent, chacun amenant ses produits avec une charrette tirée par un âne, ces animaux ayant leur propre parking le temps du marché. De là, avec Rob, nous faisons un saut au marché aux bestiaux, pour trouver des chèvres, des moutons, des bovins, des ânes, des chevaux, chaque type étant tenu séparément. C'est le domaine des hommes, et les transactions ne cessent, on palpe le dos de la bête, on discute à son sujet, puis c'est l'échange des yuans. On revient satisfait de notre matinée, s'en allant sur un autre marché pour profiter d'un déjeuner.
Kashgar a recueilli plusieurs cyclistes, mais au moment de quitter la ville, je suis seul à partir vers l'est, les autres s'en allant à 5 vers le sud et le Tibet. Pour ma part, c'est une longue traversée du pays qui m'attend avant de rallier Pékin, avec tout d'abord le désert de Taklamakan, empruntant la route de la soie. C'est une immensité incroyable, menant une route par des lignes droites à ne pas en finir, avec des étendues plates à perte de vue, à ne pas en voir l'aboutissement, ne trouvant rien, devant rouler des étapes souvent de plus de 100 kilomètres, obligé alors de prévoir eau et ravitaillement, tenu de l'économiser jusqu'à trouver le prochain point possible. Et puis, c'est aussi être soumis au vent, qui vient de loin, très loin, qui est rarement allier, mais plutôt obstacle, me freinant en venant de face ou me balayant en étant sur le côté. La première étape étant trop longue, je suis tenu de m'arrêter pour la nuit au milieu de nul part, en plein désert pour monter ma tente sous les cieux étoilés. Au troisième jour, en m'annonçant que devant moi il n'y a rien à moins de 200 kilomètres, je ne prends pas le risque de m'élancer, de plus que le vent est plein est et fort, j'embarque alors en bus pour un trajet de sauvegarde. Le jour suivant, après être parti seul, me trouvant en pause, un cycliste passe devant moi sans me voir. Je peux reconnaître Dave, un Australien rencontré à Kashgar, ayant pris la route avant moi. Je le rejoins quelques kilomètres plus loin, surpris qu'il est de me voir là. Nous poursuivons ensemble pour 3 jours jusqu'à Korla. Là nos routes se séparent, car pour lui son temps est compté, et donc vient à utiliser le train. En repartant seul, je connais le premier soutien chinois par les gens chez qui on est au petit déjeuner. Admiratifs qu'ils sont, ils me chargent de provisions, en allant même spécialement faire des achats pour moi, les gens ont du mal à se rendre compte du vélo déjà lourd que j'ai. Je poursuis donc vers Pékin, probablement sans trouver à présent de nouveaux cyclistes. Mais les rencontres chinoises ne vont pas me laisser seul, les souvenirs de différentes personnes se faisant bientôt chaque jour. C'est ce qui va agrémenter mon voyage, au milieu de ces grands espaces, où je ne peux faire autre chose que de rouler. Le premier souvenir est pour Caoyinglan, une jeune fille en étude de médecine, qui me vient en aide dans les difficultés de la communication chinoise. Je m'adresse donc à elle quand besoin est, partageant un dîner en sa compagnie, la laissant le prévoir pour découvrir autre chose, surpris en fin de repas d'en être son invité. Ces moments là me poussent à continuer et chaque jour je reprends la route, venant à me sentir de mieux en mieux. Je redeviens robuste et efficace sur le vélo. Mon acclimatation à la Chine se fait petit à petit, et je prends goût à ce nouveau pays. Une autre rencontre qui intervient, c'est avec 4 sismologues rencontré au même endroit où je logeais, qui vont me convier à partager leur table pour un nouveau festin dont je ne pourrais bénéficier seul, étant une fois de plus leur invité.
Ma route continue, que je mène seul, pas un cycliste venant à apparaître. Je suis toujours dans les étendues désertiques, pour parfois trouver des supporters quand je suis en pleine ascension. Ce fut le cas avec un car de touristes Chinois stationné sur un parking. Les gens en me voyant sont venus à lancer des acclamations, m'étant alors pied à terre pour les remercier. Rapidement c'est déclenché une séance photo, les gens venant poser à tour de rôle à côté de moi pour le souvenir. Moment émouvant parmi tous ces gens qui après cela ne me laissent pas repartir les mains vides. Le lendemain, alors que je suis sur le point de finir mon étape, c'est un homme assis en bordure de route qui me fait signe de m'arrêter, ce que je fais à sa hauteur. Par le sourire qu'il porte sur le visage, c'est déjà agréable de le rencontrer. Il s'agit d'un Ouïghour qui semble intrigué par mon vélo. Il cherche à dialoguer, en venant à se taper sur le ventre et se mordre un doigt, il me convie à manger quelque chose. Pour moi ce ne peut être un refus, c'est une autre possibilité de rentrer chez les gens et dans sa famille. Après avoir sorti du pain, des raisins, de la pastèque et servi le thé, il ne cessera de me dire, mange, mange.
Ce premier long périple va m'amener à Turpan, une destination que j'attendais mais qui restera décevante, même pour la vallée des vignes. Je me dis que c'est loin de valoir la traversée du vignoble nantais. Ces lieux sont surtout voués à la visite de cars de touristes, n'apportant rien au voyageur que je suis. C'est loin de me laisser les souvenirs que la route et les rencontres peuvent m'apporter, et qui sont totalement imprévisibles. Je ne m'attarde donc pas sur cette ville, la quittant sans avoir visiter l'ensemble de ses sites, et reprends ma chevauchée de cycliste pour de nouvelles aventures.
Le désert est toujours présent, me demandant à quel moment et après combien de kilomètres je vais en sortir. Il faut toujours s'accrocher face au vent, et à couvrir de longues étapes afin de trouver un point pour la nuit. Mais la route reste toujours aussi surprenante, pour trouver aide dans les moments difficiles. J'étais encore loin d'en finir pour ma journée, avançant difficilement, et sans rien alentour, sinon 4 routiers et leurs camions arrêtés sur la chaussée en dépannage. Leur annonçant ma difficulté à avancer, ils m'ont aussitôt indiqué de charger le vélo sur une remorque. J'ai profité de l'occasion sans me faire prier. Par leur allure lente, ils allaient atteindre leur destination tard, trop tard pour moi, me trouvant alors un endroit pour la nuit, sous la complicité de la police, m'aidant même à transporter mon paquetage. Au matin, je repartais pour une étape correcte avec 80 kilomètres, ayant cette fois en vue un point pour la nuit. Mais cette journée sera particulière, tout d'abord en me faisant arrêter sur la chaussée par les policiers d'hier soir, sur mon vélo ils savent forcément qui je suis. Leur soutien ira à me laisser des provisions, et à me lâcher des encouragements. Cela reste surprenant et fabuleux. Je poursuis vers Hami, prenant pause pour le déjeuner quelques kilomètres auparavant, à un endroit où est stationnée une voiture de police, en espérant obtenir des informations auprès de ces gens. Nouvelle admiration pour la route que je mène, en venant à faire des photos ensemble. En quittant les lieux derrière eux, j'apprends qu'ils ont payé mon repas. Me reste plus qu'à trouver une chambre pour la nuit. Mais la situation va rapidement basculer. En arrivant sur un rond-point, une voix vient vers moi, on m'appelle. Je reconnais un des routiers d'hier, mais de la seconde équipe, celle avec qui je n'étais pas parti. Immédiatement j'avance vers lui pour le saluer, son compagnon apparaît, la situation est drôle et incroyable. Ils s'en vont dans ma direction, et me proposent de continuer avec eux. Mais j'ai prévu m'arrêter pour la nuit. Ils viennent alors à me mimer un cycliste en difficulté sur son vélo pour me faire comprendre d'aller avec eux. Ces gars étaient vraiment trop sympathiques pour ne pas les suivre, je me lance donc pour une nouvelle aventure en leur compagnie, pour un long périple. Au fur et à mesure de la route, je me rendais compte qu'ils avaient grande raison de m'emmener, car ce n'était que cahots, trous, pierres, poussière que nous subissions, progressant au pas, et malgré cela se faisant bourlinguer. Et tout cela durant quasiment 600 kilomètres. Un parcours qui m'aurait vraiment fait souffrir, et dont je suis épargné par la bonté et la gentillesse de ces gars, allant même à me nourrir. Chaque arrêt dans un restaurant, il est hors de question que j'essaie de payer quelque chose, ils le refusent, et une fois reparti, ils me laissent dormir en couchette.
Au lendemain, nous faisons arrêt pour le déjeuner, nous laissant alors à 120 kilomètres de Jiayuguan. Il est toujours hors de question que je débourse quelque chose. Mais au moment de repartir, la situation va passer encore plus cocasse que la veille. Zhang Guo Lin nous fait patienter en nous annonçant l'arrivée proche de la seconde équipe de routiers. Hier, en me laissant, repartis trop vite, je regrettais de n'avoir pu les saluer et remercier, et voilà que sans m'y attendre je vais pouvoir les retrouver. A l'instant où ils descendent du camion, ce n'est que rires qui nous envahissent les uns les autres. Cette fois je ne laisse pas passer l'occasion pour faire une photo souvenir de cette rencontre fabuleuse. La route finit par nous amener à Jiayuguan à la nuit. Mon trajet se termine là avec ces gars qui sont pour me remettre à mon vélo pour m'en aller loger. Pour cela je leur demande aide, ils m'invitent alors une nouvelle fois à dîner, me disant que la chambre, on y verra après. Je peux alors profiter d'un dernier moment avec ces 4 gaillards pour savourer un énorme plat de momos. Ensuite, ils n'ont aucun mal à me trouver quelque chose pour la nuit, m'aidant même à grimper mon matériel au quatrième étage. Cette fois je dois les quitter en leur lançant à chacun une grosse accolade.
Après un repos à Jiayuguan, et un nettoyage du vélo, ma destination est de poursuivre vers Lanzhou, pour atteindre Xiahe, une place tibétaine.