Récit modifié le 12/10/2014

Australie




Ma route : Darwin, Adelaide River, Hayes Creek, Pine Creek, Katherine, Mataranka, Larrimah, Daly Waters, Dunmarra, Newcastle Waters, Elliott, Renner Springs, Three Ways, Barkly Homestead, Camooweal, Mount Isa, Cloncurry, Julia Creek, Richmond, Hughenden, Charters Towers, Townsville, du 9 au 16/09/2009.


Le mercredi 9 septembre c'est donc le départ, cette fois tout est réglé. Réveil à 6 heures pour charger mon vélo, puis c'est Peter qui se lève. Ensemble on prend le petit déjeuner et un dernier café. Vers 7 heures 30 je me rends à mon vélo en compagnie de Peter qui fait une dernière photo, puis c'est l'accolade pour se dire au revoir, espérant un jour se revoir.

L'aventure est donc relancée, m'élançant sous les yeux de mon ami pour quitter Darwin. Les premiers coups de pédales vont bien, me rappelant tant de choses. Je m'en vais par un axe important, mais Peter m'a indiqué un itinéraire vélo que je prends, me faisant quitter la route et passer dans le début du bush. Après 35 kilomètres, je laisse la route de Kakadu et poursuis vers le sud, trouvant d'indiqué la Stuart Highway et ses panneaux avec Alice Springs au coeur du pays à 1464 kilomètres, l'Australie ne rigole pas avec les distances. Autre indication, le risque incendie, celui-ci étant très fort pour cette journée, pas étonnant avec le chaud qu'il fait. De cette route, ce sont des lignes droites qui apparaissent, découvrant aussi sa nature et de nombreux oiseaux. Malheureusement il y a aussi les victimes avec les kangourous heurtés durant la nuit. Je fais ma pause déjeuner après 65 kms, mais il est temps d'arrêter, la faisant à un roadhouse, un relais de la route trouvant un poste à carburant et une boutique vendant un minimum en ravitaillement. En reprenant, le temps est passé très chaud, la fin d'étape devenant plus dure, mais finissant par gagner Adelaide River après 115 kms. La douche et le repos sont bienvenus, trouvant pour compagnie un couple d'Israéliens et un Australien qui en tombe assis quand je lui indique mon kilométrage.
Mais le jour suivant s'avère plus difficile, non pas que j'ai mal aux jambes, mais que je suis sans énergie. De plus la route est faite de faux plats, voire de petites montées. Je tente de me faire emmener, c'est alors une dame en voiture qui s'arrête, me disant que je suis rendu à un relais. Je suis à Hayes Creek et reste là, montant ma tente et prenant repos. Mais tout comme sur la route, je suis constamment avec des mouches sur la figure, c'est une horreur, devant acheter sur place une cagoule de protection, j'ai au moins gagner ça. En soirée, j'ai une drôle de surprise en voyant un serpent montrer sa tête de dessous ma tente et se cabrer avant de retourner dessous. Je fais appel à mon voisin qui m'aide à le chasser; l'animal fuit en direction du sommet d'un arbre. Ces gens en la personne de Richard et Rose restent à parler avec moi, m'invitant à passer les voir à Wollongong au sud de Sydney.
Mon troisième jour de vélo n'est pas mieux que le second, peinant pour gagner Pine Creek. A un ravitaillement que je fais, le gérant me dit que je suis fou en me voyant à vélo, mais cet arrêt n'a aucun effet, je n'ai pas plus de forces dans les jambes. Je dois pourtant finir. Je reste sur la highway à hauteur de la localité, cherchant alors à me faire emmener jusqu'à Katherine qui est à 90 kms et sans aucun ravitaillement possible, me voyant incapable de les faire. Cherchant l'ombre sous un panneau indicateur, je vais passer là 3 heures pour rien, sinon avoir bien chaud. C'est un cycliste qui va apparaître, traversant la route en me voyant. Il s'agit d'un Japonais du nom de Yusuke. Il est brûlé par le soleil, seul lui restant 2 ronds blancs autour des yeux laissés par ses lunettes. Il reste un moment à parler avec moi, ne cessant de faire des photos de moi ou de mon vélo. Je m'en vais alors avec lui jusqu'à la bourgade pour avaler 2 chocolats glacés, voyant un bus arriver et me disant que ce pourrait être la solution pour aller à Katherine, mais ce soir il est complet. La gérante de la boutique me dit que je peux le prendre demain, au prix de 61 dollars, mais aussi que demain c'est samedi et que beaucoup de gens vont à Katherine pour faire des courses. Je pars faire les bars et au premier je rencontre un musicien faisant une soirée, qui me dit que demain il peut me prendre avec lui, me donnant rendez-vous à 8h30. Je retrouve Yusuke pour lui annoncer la nouvelle, puis m'en aller camper à l'endroit où il est, passant la soirée ensemble.
Le lendemain je retrouve Gavin qui roule avec un gros 4x4 et tractant une caravane. Il met tout mon matériel dedans et nous prenons la route. Il est en compagnie de son fils et de son chien. Il est de l'ouest et s'en va vers l'est. A Katherine il me laisse à l'adresse que m'a donné Yusuke, ne me prenant pas un sou alors qu'il ne m'avait rien annoncé auparavant. Sur place je rencontre Coco's, le gérant où je reste loger et qui a un faible pour les cyclistes, je suis donc bien vu. Je lui raconte mon histoire et la difficulté que j'ai à rouler. Il me conseille du temps et du repos avant de poursuivre. Je m'interroge alors sur quoi faire et comment quitter cette région pas vraiment vouée à rouler à vélo. Mais ce jour la chance sera avec moi, car se présentent 2 gars qui sont Français et de plus de ma région, habitant la Chapelle sur Erdre. Ils veulent aller sur la côte Est et Townsville et cherchent du monde à emmener pour partager leur carburant en roulant avec leur propre véhicule. Après une discussion avec eux, je leur dis qu'ils peuvent compter sur moi. En soirée ils repassent me voir pour me dire que le départ est pour demain.
En fin de matinée, Jacques, un des gars avec qui je vais faire la route passe me prendre, chargeant tout dans son minibus puis rejoignant les autres qui roulent avec 3 autres véhicules. Je fais alors connaissance avec l'équipe composée de Jacques et Florent avec qui je suis, puis Manuel, Aurélien, Jérémy, Guillaume, Thomas, Amandine, Grégory et Aline. La route est donc lancée pour un long périple. Un premier arrêt est fait pour une baignade et le déjeuner à Bitter Springs, une source d'eau claire. Mais le chaud fait souffrir notre véhicule avec une odeur qui nous alerte. On découvre une durite du système de refroidissement de percée, étant déjà réparée à 2 endroits. Il faut refaire un pansement de plus, laissant à Florent un bout d'une vieille chambre à air que j'ai, l'enroulant et la fixant sur l'endroit abîmé. Il faut ensuite refaire le plein d'eau car tout est sur la route. On reprend avec la crainte, gagnant à la nuit Daly Waters pour une pause dans un bar bien spécial où un tas de choses sont accrochées aux murs ou au plafond, tel que des billets, des slips, des soutiens gorges, des tee-shirts, des sandales, et bien d'autres, des reliques qui doivent dater de bien longtemps pour certaines. Là une bonne bière est la bienvenue. Nous reprenons la route jusqu'à trouver un stationnement pour la nuit, les gars faisant un feu et un barbecue. La nuit est déjà avancée et je me presse à aller dormir.
Le lendemain matin je me lève avant l'équipe, prenant mon petit déjeuner avec George qui vient me voir et parler avec moi, c'est un gars originaire de Chypre et vivant dans le sud de l'Australie. Il me dit qu'il avait croisé des cyclistes mais sans jamais pouvoir parler avec eux. Il me laisse même quelques petits conseils nutritionnel, sa femme m'invitant à passer les voir dans le Victoria. Le laissant je prends la route à vélo, le temps de 2 heures et que l'équipe me rattrape pour mettre le vélo dans le minibus. Le temps continue d'être très chaud avec 37 degrés dans le véhicule, c'est dire que dehors c'est brûlant, tout comme le vent. La route reste la même avec ce bush qui défile, fait d'herbes sèches, de broussailles, d'une végétation devant souffrir de ce manque d'eau et de cette chaleur. Et puis il y a ces énormes camions appelés road train ou trains de la route, traînant le plus souvent 3 remorques, avec des tracteurs somptueux et impressionnants que je cherche à photographier. Ils roulent à allure soutenue pour traverser l'Australie et avaler des milliers de kilomètres. Hormis eux, peu de monde sur cette route. En passant Three Ways, on prend alors la direction de l'est et de Townsville, la route passant encore plus déserte, les véhicules sont facile à compter. Mais de nouveau il faut s'arrêter pour notre véhicule, l'aiguille de température frôle les 100 degrés. Un des gars qui nous suit vient à nous demander si on n'a rien perdu, disant qu'il a vu quelque chose rouler sur la route. C'est la catastrophe, on a perdu le bouchon du radiateur et l'eau avec. Après une longue recherche on vient à le retrouver, venant alors à le fixer pour éviter que cela se reproduise. Avec Jacques et Florent, la décision est prise, il va falloir rouler la nuit. On continue assez tard, s'arrêtant pour dîner, les autres véhicules restant là pour la nuit. L'ayant proposé à Jacques, c'est moi qui prends le volant et la route afin de se relayer. Jacques dort à l'arrière et Florent est à l'avant avec moi. La route n'est autre que rectiligne, peu fréquentée, la nuit noire et devant faire attention à un éventuel kangourou, en voyant à plusieurs reprises. On entre tôt au matin au Queensland, faisant des photos. Je continue ma chevauchée jusqu'à Mount Isa pour y être au lever du jour, ayant une impression bizarre en voyant une ville soudainement apparaître après avoir traversé tant d'espace vierge. C'est la pause carburant et café, Florent prenant la suite. La route qui suit devient plus agréable et pittoresque en traversant de petites collines.
A 10h30 on est à Julia Creek, chacun de nous pris par la fatigue et le véhicule par le chaud. C'est un nouvel arrêt, commençant par se faire une toilette et manger quelque chose. Puis chacun de nous tente de dormir, mais par ce chaud et ce vent, on ne sait pas où se mettre. Même le boucher qui vient à sortir de chez lui se plaint de ce temps. Vers 17 h, je me dis qu'il serait l'heure de repartir, mais mes 2 compagnons semblent bien dormir dans la fournaise du bus. Je viens à réveiller Florent en lui disant que je suis apte à rouler. Avant de partir on fait le plein du réservoir avec les jerricans que l'on transporte, et la route redémarre. Le soleil ne tarde pas à baisser pour un ciel passant au rouge. La région a changé d'aspect, traversant des immensités de pâturages desséchés, pas un arbre, rien à l'horizon sinon l'infini, toujours ces lignes droites et les routiers que l'on croise. Tard dans la soirée, alors que Florent dort, avec Jacques on fait une halte pour dîner se cuisinant une grosse ration de spaghettis que l'on arrose de diverses sauces. La nuit semble à tous les 2, marquant ce moment par une photo. Cette fois je passe à l'arrière pour dormir, Jacques prenant le volant et restant seul à l'avant. Très tôt le matin, Florent prend le relais, puis s'arrêtant peu avant Townsville pour finir notre nuit. Dans la matinée, nous gagnons la ville, touchant la côte est après 2171 kms. De suite elle apparaît agréable et plaisante, trouvant un parc avec des douches publiques et des lieux aménagés pour déjeuner, ayant à disposition des barbecues. A 2 pas juste devant nous, l'océan est là, venant à rêver de l'endroit où nous sommes. Nous attendons de revoir le reste de l'équipe, mais un appel de leur part nous dit qu'ils seront là le lendemain. Le jour suivant en fin de matinée on les retrouve, toute l'équipe allant vers Cairns au nord et moi me préparant à faire route vers le sud. A présent je me dirige vers Melbourne.