Récit modifié le 26/03/2014
Chine
Ma route : Chengdu, Renshou, Leshan, Qianwei, Muchuan, Xinshi, Suijiang, Shui Fu, Yanjin, Daguan, Zhaotong, Kunming, du 28-03 au 13-04-2006.
Je passe plusieurs jours sur Chengdu, difficile de s'en aller quand on a un ami comme Xiao Jun. Il est libre de son travail pendant 2 jours, ne me quittant pas alors, au détriment de sa famille. Dès le matin il est arrivé me chercher, pour au premier jour me faire visiter l'usine où il travaille, il s'agit d'une fabrique de cigarettes et il assure de la maintenance. Son ami Lee est là, nous accompagnant ainsi que son supérieur lors de la visite. Terminée, je suis convié à déjeuner au réfectoire pour rencontrer d'autres gens. Xiao Jun veut me faire voir Chengdu, et me conduit à différents endroits. En fin d'après midi, nous prenons repos dans un jardin pour boire le thé, et tenter de se connaître, nous essayons de dialoguer par le biais d'un dictionnaire anglais-chinois. Je parviens à lui expliquer quel était mon travail en France. Le soir venu, il me mêle à une bande de copains à lui pour dîner. Mais l'ambiance est plutôt chaude, ces gars sont de bons vivants, mangeant, trinquant, buvant, jouant sans cesse. A aucun moment je suis laissé de côté, ils me font prendre part à leur soirée.
Le lendemain, c'est une virée à vélo qui nous attend, avec l'équipe cyclistes de Xiao Jun, étant plus ou moins le manager. On s'en va vers Luotai, faisant halte pour le déjeuner. On est samedi et cette petite citée est envahie de monde, me voyant seul étranger parmi les Chinois. En après midi, c'est la visite de la muraille de Jing Long qui est prévue. Avec Lee et Hu Xiao Dong, nous la gravissons jusqu'à parvenir à un temple, les Chinois montent là comme en pèlerinage. De retour aux vélos nous reprenons la route de Chengdu, roulant au côté de mon ami, s'en allant à un bon train. Il me laisse juste le temps de la douche et est de retour me chercher pour aller dîner, toujours entouré de ses amis, miss Zenghui nous rejoignant. Là, la discussion tourne autour de mon aventure, essayant de comprendre pourquoi j'ai voulu ce choix. En les écoutant, je me vois privilégié, Xiao Jun m'annonce que si je veux qu'il vienne me voir en France, ce ne sera pas avant sa retraite. Malgré cela, ils ne semblent pas faire de différences entre eux et moi.
A dimanche que nous sommes, Xiao Jun a repris son travail, l'usine n'arrête jamais. Mais en soirée, il trouve le temps de me rendre visite, m'amenant un présent de taille, sa gentillesse et son bon coeur sont débordant. Etant à présent occupé, il demande à 2 de ses amis de me rejoindre le lendemain pour une virée à vélo. Mais sa journée finie, il continue à venir me voir, cette fois avec Dong, un autre ami, et me disant, "Hervé, tu viens on va dîner". C'est notre dernière soirée ensemble, autour d'un met typique de Chengdu, une fondue, pour marquer un souvenir incroyable, mais ne prenant pas fin à ce jour car j'ai prévu revenir à Chengdu pour Xiao Jun.
Je quitte Chengdu, ma route doit se poursuivre, en 2 jours je rallie Leshan, faisant une halte pour prolonger mon visa. Je retrouve un autre ami, Ni Ren Li, toujours à la même place. J'y fais aussi la rencontre d'une femme Li Fangping, parlant l'anglais, tous les deux m'aidant à trouver pour loger. Pour prolonger mon visa, Li Fangping me vient en aide et m'accompagne. La chose faite, nous faisons retour, elle s'en va alors faire son marché, me disant à son retour, "tu viens déjeuner à la maison", comment refuser une rencontre et de rentrer chez les gens. Nous faisons chemin vers chez elle, puis me mettant dans les mains ses cahiers d'anglais, elle se met en préparation du repas. Ayant terminé, nous pouvons discuter en attendant le retour de sa fille de l'école. Puis tous les 3, nous nous installons autour de la table de la cuisine, pour savourer un repas typique du Sichuan, un poisson. Le moment est particulier pour moi, mais combien passionnant et captivant d'être en compagnie de cette femme et de sa fille, de me retrouver dans l'intimité d'une famille. Li Zhouya sa fille, faisant retour à l'école, elle me raccompagne. Li Fangping reste disponible pour moi, c'est une nouvelle amie que j'ai, en après midi elle fait retour avec moi pour récupérer mon passeport. Ni Ren Li m'attendant, je me dois de passer le voir. Sa petite fille, Luo Gui Ming nous rejoint peu après. Le bonhomme arrête ses occupations et plie tout son matériel le chargeant sur un vélo de relique pour passer un moment ensemble et nous offrir un dîner. En les laissant, il me demande de revenir demain. Je suis donc de reste sur Leshan, retrouvant mon ami dans l'après midi. De nouveau il plie tout, s'en allant, Luo Gui Ming en notre compagnie, faire une marche dans Leshan. En chemin, il nous offre un boazi, puis me fait voir des expositions de peintures, c'est sa vie. Il me fait ensuite rentrer chez un modéliste, laissant sous-entendre de drôles d'idées, n'y prenant pas sérieux. Nous faisons ensuite arrêt sur une place où des bouquins sont répandus sur le sol, le bonhomme toujours surprenant repart avec un destiné à apprendre de l'anglais. De là, il veut m'emmener chez lui, emportant avec nous quelques provisions. On arrive dans un minuscule logement, vieillot, sans confort, aux murs de planches. Sitôt Ni Ren Li met ses petits enfants au travail, une feuille à dessin entre les mains et me demandant de m'asseoir pour eux. La chose devient alors sérieuse, ces 3 jeunes s'appliquant dans leur exécution, sous les yeux du maître qui apporte ses conseils et son coup de main. Pour moi, être là est incroyable, me plaisant et me fascinant énormément. Vient alors le moment de passer à table, minuscule qu'elle est, 7 que nous sommes autour pour un plaisir immense d'être avec ces gens. Pourtant hier, Ni Ren Li en me demandant ce que me coûtait mon voyage après 2 ans, il ne comprenait pas d'où je pouvais sortir une somme pareille. Alors quelle est la vision ou l'image qu'ils peuvent avoir de moi, sans doute ne font-ils pas la différence avec eux, me considérant simplement pour leur ami. Le repas fini, le bonhomme infatigable me raccompagne avec ses 2 petites filles.
De retour à l'hôtel, les surprises chinoises continuent, c'est Li Fangping qui me rend visite, me remettant un paquet de barres de céréales, une bourse de canard, et sortant de son sac une fillette de vin chinois. Lui proposant de la déboucher, elle se laisse faire, trinquant à tous les 2 au rouge, en menant une discussion et en lui montrant un tas de choses. De tout cela, je n'en reviens pas, où la bonté de ces gens s'arrêtera t-elle !!
Nous sommes le 1er avril, et pourtant ce n'est pas un poisson que l'on me prépare. Je suis toujours de reste à Leshan avec Ni Ren Li et Luo Gui Ming qui me gardent avec eux. Dans la matinée, ils passent me chercher, puis allant sur internet, je leur montre les photos de mon site, tous les 2 appréciant. Alors je leur offre un déjeuner, c'est bien mon tour. Demandant alors à Ni Ren Li s'il ne va pas au bord du fleuve, c'est là qu'il me répond, "direction le parc". Je ne sais pas encore ce qu'il a en tête, mais ça ne va pas tarder. Donnant un sac à sa petite fille, il l'envoie faire une course. Pendant ce temps, il reprend son crayon et ses feuilles à dessins pour en remplir quelques-unes de mon portrait. Puis Luo Gui Ming de retour, je vois que l'idée d'hier n'était pas une blague, c'est de la terre qu'il lui a demandée de lui rapporter. Ce n'est plus du dessin qu'il s'apprête à faire, mais à me modeler ma tête. Son matériel est prêt, il me fait prendre place où il le souhaite, puis l'affaire est lancée. Il met des gens à lui préparer sa terre alors que lui, il moule et façonne. Forcément cela dure un moment, une partie de l'après midi et attire du monde autour de nous. C'est sans doute rare de voir Ni Ren Li en dehors de ses crayons. Des gens viennent y mettre la main, se retrouvant à 6 dans cette réalisation. On cherche à savoir de qui il s'agit, et mon ami ne cesse de leur conter d'où je viens et ce que je fais. Un court instant, un téléphone se promène, je me dis que l'on me prépare autre chose. Jusqu'où vont-ils aller ? Et je ne me trompais pas, on a fait appel à un journal pour marquer ce jour. Une journaliste fait des photos le temps que Ni Ren Li travaille, restant là jusqu'à la finition. Puis le bonhomme est fier et heureux de me présenter sa réalisation. Mais sa seconde idée, est que je reparte avec. Cela m'amuse trop, ne cessant de pouffer de rire, leur disant que ce n'est pas possible, que je voyage à vélo. Alors je leur demande s'il n'y a pas un musée où la déposer. Et tout sérieux qu'ils l'ont pris, je vois que c'est là qu'elle va aller. Cette fois la Chine ne m'oubliera pas.
Ni Ren Li reste un homme vraiment trop curieux et incroyable, déterminé, passionnant, un ami que je n'oublierai pas, qui aura marqué mon voyage.
Je repars de Leshan pour m'en aller vers le Vietnam et Hanoï, j'ai donné rendez-vous à mes parents pour de seconde retrouvailles, le temps passe et nous serons à 20 mois de séparation. Mon voyage prend désormais une autre optique, ça devient ma priorité et mon but. La Chine, j'y ferai retour ensuite, me donnant alors le temps de continuer à la découvrir, et à prendre un plaisir immense parmi ces Chinois. Je descends sud par Kunming, faisant un premier arrêt à Muchuan. De cette journée, je peux me demander comment puis-je avoir droit à tout cela. Du matin au soir on est venu à m'offrir mes repas. Je poursuis par une route indigne, de montagne et sous la pluie. Le parcours du sud ne reste pas facile. Je suis forcé de chercher des itinéraires voués à rouler. Pour cela je m'en vais en suivant des rivières, de la sorte je me dis que le parcours ne sera pas montagneux. J'arrive à Suijiang, pour faire connaissance avec une jeune fille, Jing Hua qui en acceptant son invitation à dîner, se dit toute nerveuse et excitée, c'est la première fois qu'elle côtoie un étranger, et de plus qui se retrouve chez elle. Immédiatement, elle avertit sa mère de ma venue. Je suis reçu superbement, étant perçu comme quelqu'un d'important, sa mère regrettant de ne pouvoir dialoguer avec moi. De là je vise rallier Zhaotong, qui me mènerait à mi-chemin entre Leshan et Kunming. Pour la nuit, je viens parfois à faire arrêt dans les haltes pour routiers. Le parcours reste agréable par ces vallées que je suis au creux des montagnes. Mais là encore, la folie de l'homme prend place, des constructions autoroutières ne cessent d'apparaître à mes yeux, me disant, "à quand respectera t-on la nature et qu'on la préservera". C'est impensable ce qui peut être mis en place et engagé, fait-on autant pour les populations. Zhaotong se situe haut, je vais avoir la chance de me faire embarquer par 3 gars en camion, pour à l'arrivée voir Yang Lei rester en ma compagnie. Il me trouve à loger, puis me dit,"mes parents nous attendent pour dîner". Je ne sais plus quoi dire à tout cela, peut-on recevoir autant sans rien demander. C'est parmi sa famille que je me retrouve au restaurant, ce garçon fête ses 24 ans, et me voyant comme son nouvel ami. Désormais Kunming n'est plus très loin, quelques jours m'en séparent. Me situant déjà en altitude, j'aspire à trouver un parcours où je pourrais rouler, sans avoir à gravir d'énormes difficultés. Mes premières étapes seront plus courtes que je l'envisageais, avec au deuxième jour me retrouver sur une route pavée de cailloux et en majorité montante, où il est impossible de tenir sur un vélo, devant encore une fois le pousser, finissant avec mal aux bras et aux épaules. Je me dis que ça ne va pas durer, et pourtant en repartant le lendemain après seulement 4 kilomètres, je retrouve la même chose. C'est alors plus possible, je me pose sur le bord de la chaussée, attendant qu'un bus veuille bien m'embarquer. La chose faite, le parcours vélo pour Kunming est terminé, ralliant alors la ville dans la journée. Ici j'y suis pour quelques jours, il me faut mon visa vietnamien.