Australie


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Ma route : Melbourne, Devonport, Frankford, Exeter, George Town, Bridport, Scottsdale, Weldborough, St Helens, Fires Bay, St Helens, Scamander, Bicheno, Coles Bay, Swansea, Triabunna, île Maria, Triabunna, Orford, Rheban, Copping, Dunalley, Eaglehawk, Port Arthur, Nubeena, Eaglehawk, Dunalley, Carlton, Sorell, Hobart, Kingston, Snug, Kettering, île Bruny, Kettering, Kingston, Hobart, du 11 au 30/12/2009, Glenorchy, Granton, New Norfolk, Plenty, Westerway, P.N. Mt Field, Westerway, Fentonbury, Dunrobin Bridge, Ouse, Osterley, lac Bradys, Derwent Bridge, Queenstown, Zeehan, Corinna, Savage River, Waratah, A10, C132, Cradle Valley, Moina, Sheffield, Barrington, Devonport, du 03 au 17/01/2010.


Après mon arrivée à Melbourne, je viens à passer 11 jours chez George et Jenny pour vivre en leur compagnie de superbes moments, bricolant avec George, se retrouvant à chaque repas autour d'une délicieuse table préparée par Jenny, c'est alors des moments d'échanges et de discussions. Je me sens comme un membre à part entière de la famille, tant avec eux qu'avec leurs enfants. Ils me font aussi rencontrer leurs amis, invité à dîner un soir spécialement en mon honneur. Le temps d'un dimanche, ils me font voir la ville de Melbourne, m'offrant même le restaurant.

Ma route reprend en quittant le continent pour la Tasmanie, m'y rendant en ferry de nuit, arrivant alors le 12 au matin à Devonport. Mais au moment d'embarquer, je remarque un autre vélo. Sitôt le départ, je fais la connaissance de Aitor, un gars du Pays Basque qui vient de traverser l'Australie par son centre, venu spécialement ici pour cette île. On devient alors compagnons, démarrant notre périple ensemble en s'en allant vers l'est.
Dès le premier jour, la Tasmanie apparaît plaisante, la découvrant par de petits axes, traversant d'abord une région agricole avec des pommes de terre, des céréales, du pavot. C'est alors un passage en forêt avant de gagner le fleuve Tamar peu après Exeter. Mais depuis George Town jusqu'à Bridport, le parcours devient lassant par un trafic de poids lourds avec des chargements de bois, un parcours qui n'a pas un gros intérêt, se faisant balayer par leur courant d'air. En venant à passer Scottsdale, la Tasmanie offre ses premiers attraits avec la montée vers Weldborough, cela au milieu d'une forêt verte et luxuriante, découvrant un minuscule village où nous posons la tente pour la nuit. Alors que mon compagnon s'affaire à réparer ses crevaisons, de mon côté je prépare notre dîner, venant aussi à rencontrer un gars de Lorient.
Le lendemain matin, l'ascension n'est pas finie, poursuivant pour quelques kilomètres toujours au travers de la forêt, de hautes fougères bordant la route, arrivant au sommet avec un fort vent. La descente vers St Helens est rapide et pittoresque, gagnant ce lieu pour midi. Sur place, on se retrouve subitement avec 4 autres cyclistes, 2 Australiens et un couple hollandais. Sur le port on prend notre déjeuner, trouvant aussi une douche gratuite qui est la bienvenue. De là on s'en va camper tout prêt de Binalong Bay, trouvant place à la plage de Jeanneret. Alors que l'on dresse nos tentes, un homme en caravane se trouvant juste en face vient vers nous en nous proposant de l'eau chaude pour un café si on le désire. Vraisemblablement Trevor cherche compagnie, sa générosité allant au-delà en se retrouvant à cuisiner notre dîner chez lui, les légumes au feu de bois et faisant revenir la viande sur son gaz. Cet homme de Lanceston vient ici pour passer Noël en famille. Le moment passé avec Trevor est superbe, le voyant nous offrir café, bière et vin, mais aussi tout le nécessaire pour préparer et agrémenter notre repas. La soirée se prolonge en discutant à la chaleur du feu qui crépite. Une fois sous la tente, il revient nous annoncer qu'il nous attend pour le café demain matin. Par un temps gris et couvert nous retrouvons Trevor qui a chauffé l'eau pour le café. Alors il nous prépare un petit déjeuner avec des céréales, nous invitant ensuite à griller du pain sur le feu. En le quittant, cet homme est l'appareil photo à la main. On le laisse pour aller vers la baie de Feu et ses rochers à la couleur orangée, mais le temps gris n'en donne pas l'aspect le plus beau. Aujourd'hui la pluie est annoncée, faisant retour vers St Helens pour rester en hôtel. Passant un chemin, Aitor me fait stopper en apercevant 2 cyclistes qui en sortent. Il s'agit d'un couple allemand avec Holm et Julia, Aitor les ayant déjà rencontré à 2 fois. Ensemble nous prenons la même direction, en après midi une pluie forte faisant son apparition. De St Helens, nous faisons alors équipe à 4 pour longer la côte est et aller vers le sud. Le parcours est plaisant et rapide, avec Holm roulant en tête et Aitor fermant la marche. C'est un vrai changement pour moi en roulant ainsi en équipe, pour un grand plaisir et une réelle complicité entre nous. A midi nous sommes à Bicheno où l'on se ravitaille avant de s'en aller vers Freycinet. Nous passons la nuit tout près de la plage Friendly, montant notre camp comme le plus souvent en pleine nature, cuisinant un dîner aux saveurs indiennes, et se retrouvant en compagnie d'un wallaby, qui délicatement vient à goûter à mon pain. Nous finissons la soirée par une marche sur la plage, un lieu superbe.
Le lendemain en arrêt au parc national de Freycinet, on s'en va pour une randonnée qui n'est pas vraiment exceptionnelle, hormis que l'on découvre une jolie baie avec Wineglass. Notre route se poursuit pour une autre destination avec l'île Maria. Arrivant en fin d'après midi à Triabunna, le ferry est sur le point de partir, nous laissant juste le temps de faire nos provisions, l'île est classée parc national et personne n'y vit dessus. Après une traversée quelque peu chaotique rendue par les flots de l'océan, on gagne un paradis de nature. On a alors tout le temps de s'installer, se doucher, cuisiner et dîner jusqu'à ce que la nuit vienne à tomber. Après une nuit douce, le début de matinée est tranquille, prenant le petit déjeuner et discutant ensemble, prévoyant aussi notre journée. Le choix est un point haut de l'île avec Bishop and Clerk, en s'y rendant à pied. Le temps est calme, avec un grand ciel bleu et une température agréable. Nous débutons au travers d'un alpage, gagnant de hautes et superbes falaises, donnant alors temps à la contemplation et à la photographie. C'est ensuite un parcours en forêt avant de finir tel sur un éboulis de pierres. On gagne le point haut pour midi, découvrant un panorama absolument gigantesque, d'une beauté incroyable, l'horizon n'est que bleu entre le ciel et l'océan. Déjeuner à cet endroit marque un souvenir fabuleux. Il faut alors redescendre et revenir au camp, s'en allant cette fois à vélo voir des falaises sculptées par l'océan, leurs couleurs variant du blanc au brun. Nous découvrons aussi des wombat, animal vivant en terrier. Nous laissons l'île Maria, y gardant un souvenir merveilleux et poursuivons vers la péninsule Tasmane. Le parcours emprunté entre Orford et Rheban nous fait découvrir une magnifique côte, sauvage et aux eaux translucides, avant de traverser la forêt de Wielangta. Le chemin est difficile par une piste de pierres, mais merveilleux, ne trouvant personne, baignant au milieu de la nature, trouvant une place idyllique pour passer la nuit, profitant du calme, d'être tous les 4, préparant et dînant ensemble, veillant à la lueur d'un feu dans une cheminée. Le lendemain matin nous démarrons dans le brouillard, la forêt imprégnée par l'humidité. Mais à ce jour, Aitor nous quitte en allant vers Hobart, alors qu'avec Holm et Julia je poursuis vers Port Arthur. Nous finissons notre étape à Nubeena, étant le seul endroit où l'on peut faire des provisions. C'est alors le 24 décembre, faisant réveillon pour Noël. Je suis en charge de griller la viande avec chacun sa pièce de boeuf. Le moment venu, c'est superbe, Julia a dressé une table, improvisant une nappe, et la décorant de bougies, m'offrant pour cadeau un mouchoir imprimé du drapeau australien, dégustant un copieux dîner. De Nubeena, le temps d'une journée nous partons pour une randonnée, démarrant au travers d'une forêt et une végétation épaisse pour aller découvrir le cap Raoul. En gagnant l'océan, depuis un point haut nous découvrons une côte sauvage et superbe, les vagues venant taper les rochers et former une écharpe blanche. Nous poursuivons alors notre marche par un magnifique temps et un vent frais. Nous arrivons à un second point, découvrant une haute paroi rocheuse, restant à la contempler le temps du déjeuner. Nous gagnons alors le cap, un lieu sublime et magique, composé de diverses formations rocheuses, l'ayant que pour nous, et passant un long moment à le photographier. C'est un endroit qui restera un des plus beaux et des plus impressionnant découvert en Tasmanie. D'ici nous faisons un passage à Hobart, mais sans y rester, poursuivant vers l'île Bruny, faisant d'abord route jusqu'à Oyster Cove où nous sommes accueillis dans une famille de cyclistes pour une soirée pizzas et cuites au feu de bois. Au mois de juin prochain, ces gens s'apprêtent à aller découvrir la France, curieux effet alors pour moi, visitant de mon côté leur pays.
A Kettering nous prenons le ferry pour l'île Bruny, trouvant à mettre notre camp sur Adventure Bay, et sitôt notre arrivée restant au calme, prenant repos, discutant et partageant notre temps ensemble, se montrant des photos de nos familles. Au second jour c'est une nouvelle marche pour aller jusqu'au cap Fluted, découvrant une nature merveilleuse et un océan tel il apparaîtrait sur une toile peinte, aux couleurs éclatantes et d'une grande pureté.
En quittant ce lieu, on fait retour sur Hobart, y restant cette fois le temps de passer en 2010, étant hébergé chez Christopher, un cycliste passionné et amoureux de la France, y retournant cette année pour la troisième fois. D'ici nous entamons la seconde partie de notre boucle, à savoir aller vers la côte ouest avant de revenir vers le nord.

Nous quittons Hobart en compagnie de Christopher qui nous guide et nous accompagne pour 25 kms, s'en allant vers New Norfolk et le parc national de Mt Field. En se faisant passer par une voiture, nous sommes surpris d'entendre une voix nous appeler, s'agissant de Aitor, sans pour cela qu'il s'arrête, ce qui m'apparaît curieux. Mais à l'entrée de New Norfolk, il est là à nous attendre, chose incroyable et qui n'était nullement prévu. De nouveau nous reprenons la route ensemble, roulant jusqu'à l'approche du parc pour camper au bord d'une rivière. Le lendemain, c'est à pied que nous démarrons la journée par une longue marche au travers d'une superbe forêt, découvrant ses habitants, de magnifiques cascades et de vertigineux arbres atteignant pour certains près de 100 mètres de haut. Le déjeuner pris sur place, la route peut alors reprendre pour une étape courte, devant malgré tout gravir 3 belles montées, venant à effectuer une course avec Holm, histoire de rivaliser avec un gars très fort sur son vélo. Mais c'est d'abord pour une partie de plaisir, récupérant côte à côte sur une allure douce. Passé Ouse, nous empruntons une route non asphaltée, progressant lentement, sur des cailloux et par un vent froid et redoutable. Le soir venu, on établit le camp au bord du lac Bradys, Aitor ne tardant pas à allumer un feu pour se réchauffer. Le lendemain, le 6 janvier est le jour le plus froid que nous ayons, partant couvert des pieds à la tête, le vent toujours là pour nous contrer et freiner notre progression. Alors en gagnant Derwent Bridge, on se réfugie dans une auberge le temps de récupérer et de boire un café bien chaud. D'ici nous nous posons au camping du parc national du lac St Clair, faisant partie intégrante des montagnes Cradle. Les vélos sont alors au repos, partant à l'ascension du mont Rufus, le gagnant après 3 heures de marche. A son sommet nous sommes gratifiés d'un magnifique panorama, découvrant de multiples lacs et les contreforts des montagnes. Une fois de plus la Tasmanie est généreuse avec nous, se rappelant entre nous la chance que l'on a d'être là.
C'est alors une nouvelle séparation avec Aitor qui reste sur place pour une randonnée de plusieurs jours. Avec Holm et Julia, nous continuons vers Queenstown par un axe remarquable, au milieu d'une immense forêt, s'arrêtant à plusieurs reprises pour de courtes marches et découvrir les sommets nous entourant ou encore des cascades. Nous finissons sur un lieu tout aussi sublime avec le lac Burbury, y posant les tentes pour la nuit. L'étape qui nous mène à Queenstown se fait par un temps maussade, rapidement le ciel devenant menaçant, puis la pluie apparaissant, passant un point haut dans les nuages avant de descendre sur la ville minière. Nous poursuivons alors jusqu'à Zeehan par un parcours agréable, peu fréquentée, trouvant 2 montées l'une derrière l'autre et les passant sans soucis. La soirée venue, le dîner est divin avec des pizzas faites de la main de Holm. Nous restons ici en repos le temps d'une journée, celle-ci étant magnifique avec un ciel bleu et ensoleillé. De là notre destination est Corinna, passant d'abord une forêt puis une région sauvage où le vent se fait présent, cela jusqu'à rejoindre une piste. Alors c'est de nouveau la forêt, arrivant sur le fleuve Pieman qu'il faut traverser en ferry. De l'autre côté c'est Corinna, une minuscule localité perdue au milieu d'une végétation dense. Avec un temps chaud on doit chercher l'ombre pour le déjeuner. Pour quitter ce point, il faut poursuivre par une piste, visant à rejoindre au bout Savage River, devant partir chargé en eau, me retrouvant sur mon vélo avec 9 litres et donc un poids supplémentaire. Nous menons alors un parcours difficile, constamment à fournir des efforts, grimpant par une piste parfois abîmée par les voitures, avec le chaud et la poussière, la sueur coulant. La forêt passée, on se retrouve en hauteur sur des monts pelés, exposés alors au vent. Mais cela ne fait rien, je poursuis mon parcours, allant bien et étant robuste. Nous finissons tard notre étape à Savage River, épuisés et sales, improvisant une douche avec ma poche à eau suspendue à la branche d'un arbre. C'est alors le dîner, soufflant et récupérant de cette longue et dure journée. En poursuivant le lendemain, la pluie nous fait stopper à Waratah. Le mercredi 13 janvier, nous continuons vers Cradle Mountains, mais en partant je suis à 5 kms de passer les 50.000 kms, attendant ce moment depuis plusieurs jours. Je pars à rouler le premier, les yeux sur mon compteur, criant 2 au moment où j'atteins 49998. Je vois ensuite Holm venir à ma hauteur, me filmant. Puis à 49999 je lâche un 1, Holm me demandant alors "Hervé, combien", et lui criant "1", Holm reprenant "combien", criant encore plus fort "1", Holm insistant avec "combien", et cette fois lui annonçant un "1" à ne pas en finir. Puis c'est l'explosion de joie à 50.000 kilomètres, stoppant immédiatement. Holm est à mes côtés et Julia arrive juste derrière. Holm se lance à faire des photos et Julia à me filmer. Le moment est superbe et exceptionnel, envahi d'émotion et de fierté, à un instant ne réalisant pas vraiment ce qui m'arrive. Alors j'ouvre une bière pour trinquer à tour de rôle. Il faut alors reprendre la route, poursuivant jusqu'à Cradle Mountains. Le jour suivant je m'en vais en compagnie de Holm découvrir ces montagnes, faisant une longue boucle, montant jusqu'au point de vue Marions, d'où on peut contempler les aiguilles rocheuses des Cradle, mais aussi tout un tas de lacs avec les lacs Dove, Lilla, Hanson, Wilks. L'endroit est superbe et somptueux, prenant un grand plaisir à être là, émerveillés que nous sommes de découvrir cette nature si particulière, n'aspirant qu'à une chose, la respecter. Notre marche se termine en fin de journée, se disant qu'elle fut superbe.

Notre temps en Tasmanie est alors sur sa fin, tous les 3 roulant jusqu'à Sheffield, passant une dernière journée ensemble. Le jour suivant, je fais route vers Devonport, alors que Holm et Julia s'en vont vers Lanceston. Mais notre prochaine destination est la Nouvelle Zélande, pour probablement faire de nouveau route ensemble.