Chine


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Ma route : Xi'an, Weinan, Heyang, Hejin, Quwo, Hongtong, Linshi, Pingyao, Taiyuan, Xinzhou, Dai Xian, Shanyin, Huairen, Datong, Yang Yuan, Sheng Jin, Huailai, Changping, Pékin, du 7 au 30-11-2005.


Xi'an restera une étape de repos, pour me remettre d'un état fébrile en trouvant pour lieu une auberge de jeunesse et pouvant rencontrer d'autres voyageurs dont 2 cyclistes suédois. La ville n'est pas attrayante, plutôt moderne et agitée. En la quittant, cette fois je me lance vers Pékin, mais en faisant d'abord arrêt pour visiter l'armée de soldats de terre cuite, un site très particulier et attirant énormément de touristes. Au troisième jour de route, je me retrouve à rouler dans des conditions épouvantables, une pollution noire est présente, ne comprenant pas tout de suite de quoi il s'agit. Au premier arrêt que je fais, je me découvre le visage incroyablement sale. Je finis par me rendre compte que je suis dans une région minière exploitant du charbon, et donc en prendre plein la figure. Le parcours n'a vraiment aucun charme, la nature est néant, morne, à croire qu'on l'aurait pulvérisée de suie. Les habitations sont du même ordre, au point de donner l'impression d'être abandonnées, les gens n'y apportant aucun intérêt, ainsi qu'à leur environnement. Avec cela, le ciel se trouve parfois chargé de gros nuages gris, accélérant la venue de la nuit. A certains jours il faut partir par grand froid, et face à un mur de brume, ne distinguant rien autour de moi, mais je me dis que c'est aussi bien, cette traversée est si moche. Sur la route de Lingshi, il va même falloir me lancer à l'intérieur d'un tunnel, sans qu'il soit éclairé, et dans un nuage de poudre noire, craignant alors vraiment pour ma sécurité. En effet, car tout cela amène à un gros trafic de camions, ne me respectant à aucun moment.
Mais heureusement, les haltes de journée et pour la nuit restent agréables et captivantes. Une expérience surprenante va être à Lingshi. Sitôt mon arrivée, un jeune homme me vient en aide pour loger, me simplifiant bien la chose après une longue journée de route difficile et sale une fois de plus. Il va m'octroyer un rabais au tarif de la chambre et rester avec moi pour m'installer. En soirée, alors que je m'apprête à prendre mon dîner, cet homme en compagnie de sa femme et de son petit garçon entrent dans le restaurant et visiblement ils me cherchent car le leur est déjà pris. Ils ont avec eux une bourse de provisions qu'ils veulent que je prenne, et me payent mon repas avant même que j'ai fini.
La femme m'annonce qu'elle est enseignante et souhaiterait m'emmener devant sa classe d'élèves pour que je m'entretienne avec eux en anglais. On est pourtant samedi soir et il est 20 heures 30, mais malgré cela la chose me tente et donc j'accepte. Je me retrouve devant une classe nombreuse et studieuse, étant superbement accueilli, passant 2 heures en leur compagnie à leur parler de mon aventure, assailli de questions que je suis. Un moment curieux et riche, les élèves cherchant à me remettre ce qu'ils peuvent trouver pour présents, jusqu'à un drapeau chinois.
L'étape suivante, je vais faire arrêt à Pingyao, un endroit marqué sur mon parcours. Un lieu superbe, avec son ancienne ville, passant un moment ici pour la parcourir à pied et découvrir de superbes demeures. C'est aussi la rencontre de Poping et de Wang Mei Wu qui m'accueillent chez eux, me sentant comme chez moi, comme dans une famille, allant à prendre mes repas avec eux.
En repartant, c'est un groupe de Français qui me demande de prendre un café avec eux, le temps de connaître d'où je viens et ce que je fais. Je roule à présent vers Taiyuan, la capitale de la province du Shanxi, pour une autre rencontre, celle de 2 jeunes filles. Au cours de mon dîner, une d'entre elles en s'adressant à moi en anglais, me propose son aide. Se met alors en place une discussion, de suite, passionnées qu'elles sont par ma route que je leur annonce. En les quittant, elles me demandent juste à quelle heure je pars demain. La nuit passée, en descendant de ma chambre à la réception, j'ai la surprise de trouver les 2 jeunes filles d'hier assises à m'attendre, elles voulaient voir mon vélo et partir. Prêt à prendre la route, elles me conduisent à une place pour ma ration de nouilles, venant même à la payer, pour ensuite me photographier.
De Taiyuan, en poursuivant mon chemin, la température a baissé, il faut partir bien couvert. Je continue ma montée vers le nord, mais en y étant presque au bout, ensuite c'est direction le sud et à nouveau du chaud. Une amie qui est au Cambodge m'annonce qu'elle a du mal à supporter les 40 degrés. Je mène une étape tranquille sur une route bordée d'alignées d'arbres, tous dévêtus qu'ils sont, leurs feuilles formant un tapis au sol, attendant le retour du printemps pour de nouveau bourgeonner et redonner vie à la nature. Cette fois l'hiver et le froid ont pris place, devant tenir au chaud chaque partie du corps. Pourtant, au matin dehors les marmites de soupes ou les cuiseurs pour gros raviolis (baozi) fument, et on continue à venir prendre son petit déjeuner sur une table au grand air. Je finis par arriver sur Datong, mon extrémité nord, un arrêt obligé pour proroger mon visa, se passant sans souci auprès de la police. De là, Pékin n'est plus qu'à quelques jours, et je l'attends ce jour. Le froid ne m'épargne pas et est marquant avec le fleuve gelé dans sa totalité. Et pourtant l'envie de rouler est très forte, un nouveau pas marquant et un aboutissement sont juste devant moi, comment ne pas vouloir les toucher, les palper, s'en réjouir.

Datong passé, je vis à Yang Yuan un autre moment fort. En entrant dans un cybercafé, je crée regards sur moi par des jeunes qui sont là, s'approchant voir ce que je fais. Je lie alors contact en les forçant à parler anglais. Mais l'informatique ne me donne pas satisfaction, je cherche à aller ailleurs, ces jeunes sortant avec moi pour m'accompagner à une autre place. Le résultat est identique, mauvais. Je viens alors à leur faire découvrir ce que je fais par mon site. L'heure passée, je laisse tomber l'informatique, mais les jeunes, non, ils restent en ma compagnie me demandant où je veux aller à présent. Il me faut des provisions, ils m'emmènent donc dans les épiceries, voulant payer en sortant ce que j'avais pris. De là, c'est l'heure du dîner, ils me trouvent une place, étant toujours avec moi, m'installant à une table ronde et prenant place à mes côtés. Ils se chargent de commander un repas pour moi seul, et plus qu'il m'en faut. Chacun cherche une chaise, le groupe grossit, tous qu'ils sont passionnés de me regarder, de m'écouter, d'être avec moi. La discussion bat son plein, merveilleuse qu'elle est, c'est curieux et folklorique à la fois une telle situation. En sortant, pour la deuxième fois la note me passe entre les doigts, ne sachant qui la prend en compte. La soirée n'est pas finie, ils veulent à présent faire une photo avec moi, nous nous retrouvons donc dans un studio. A nouveau c'est drôle et fantastique. Je repars avec un exemplaire sur papier mais aussi une copie sur CD, me disant que c'est le seul présent qu'ils ont à m'offrir pour souvenir. En toute fin de soirée, cette fois c'est mon vélo qu'ils veulent voir. Tout cela restera incroyable, superbe, inattendu et offert avec une générosité remarquable, par de jeunes gens de 17 ans.
Sur ma route de Pékin, 3 jours avant, je vais être un instant inquiet pour la suite, car en me levant dans la nuit, je me rends compte qu'il a neigé, pourrais je alors repartir demain matin me demandais je. Une fois levé, je prépare quand même mon engin, un grand froid du nord est présent, et quant à la route, elle est verglacée en bordure, juste où je dois me tenir pour rouler. Cela devient périlleux et risqué, mais la détermination est forte pour parvenir à ce fameux point sur le globe. La route ira plus vite que prévu en étant au quatrième soir à Changping, la banlieue.
C'est plein d'émotion, avec une grande fierté, une satisfaction débordante, un bonheur rempli, que j'ai mis pied à terre devant la place Tiananmen et le portrait de Mao. Ces derniers jours, je l'attendais cette arrivée, et elle fut triomphante, avec une météo superbe, comme si le temps avait pris rendez-vous pour cet évènement. A hier soir il me restait donc 40 kms, stoppant tout proche du but, pour me préparer pour cette journée si particulière. Au matin je pouvais me lever à ma guise, puis me mettre en préparation de mon vélo, l'arborant de 2 drapeaux, un français et un chinois, flottant tous les 2 sous mes yeux tout au long de ma route. Dans mon dos, j'avais fait faire un écrit portant "tour du monde" et inscrit en chinois, pour faire savoir aux Pékinois l'aventure que je menais. La route était ouverte pour moi, me restait alors qu'à savourer le moment, et quelle saveur, j'avais envie de crier ma joie et de faire savoir d'où je venais, et tout le chemin que j'avais parcouru pour arriver jusqu'ici. Qui l'aurait pensé, qui l'aurait cru, de mon côté, le doute avait depuis longtemps disparu, plus j'avançais et plus je voulais le vivre ce jour et quel jour ce fut. Atteindre le centre de Pékin fut extrêmement facile, sans même avoir à demander ma route, sans faire la moindre faute, sans douter, parvenant directement devant le portrait de Mao. En empoignant mon vélo, j'ai alors posé genou à terre comme par remerciement à tout ce qui m'avait été donné jusqu'ici.
Forcément je créais une fois de plus la curiosité et le regroupement de gens autour de moi, voulant voir qui était là. Je donnais alors le temps à ce qui m'était donné de vivre, partageant ma passion et ma route à ceux qui m'écoutaient. Je voulais aussi répondre aux questions qui ne cessaient de venir. Entre temps j'ai pu faire la connaissance d'un couple de Quimperlé, restant un moment en leur compagnie, puis de retour devant Mao, je reprenais ma discussion avec des gens de différents pays, dont de jeunes Françaises à nouveau. Le gars Daniel qui m'attendait est arrivé, se faisant connaître mais sans pour autant me couper de tous ces gens, lui aussi en compagnie de sa copine prenait part à l'écoute de mon aventure. Bien sûr ensemble nous avons fait des photos, parfois sous la réticence des policiers, mais pour moi je voulais ces souvenirs et je les ai eus. Le soir venu, j'ai été logé chez Daniel, quelqu'un de Chicago, et forcément ensemble nous avons fêté l'évènement à sa grandeur. A présent, je reste sur Pékin pour pratiquement 3 semaines, devant retrouver le copain Denis de France et sa femme Evelyne.