Inde-Pakistan-Chine
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Ma route : Amritsar, frontière pakistanaise, Lahore, Islamabad, Murree, Abbottabad, Chattar Plain, Besham, Dasu, Shatial, Chilas, Gilgit, Karimabad, Passu, Sost, col du Kunjerab (frontière chinoise), Tashkurgan, Kashgar, du 31-07 au 31-08-2005.
Après un détour par Delhi pour formalité, je fais retour à Amritsar où vélo et matériel sont de reste au Golden Temple. Je profite de cette dernière halte indienne pour découvrir un bâtiment d'une grande splendeur, et où des centaines, plutôt des milliers de fidèles Sikh s'y déplacent. C'est quelque chose d'impressionnant, je n'ai jamais vu cela, mais le plus surprenant est de se retrouver à la cantine parmi tous ces gens pour recevoir un repas gratuit. Nous sommes rassemblés dans une immense pièce, s'assoyant au sol les uns à côté des autres, sans perdre une place. Des rangées supplémentaires sont même faites pour faire entrer davantage de monde. A l'étage supérieur, une autre salle en reçoit autant. Je me considère seul étranger parmi tous ces gens. Des hommes circulant un seau à la main passent nous servir le repas fait de dal, de riz et de chapatis, ces dernières étant distribuées en premier, il faut présenter les mains devant soi pour les recevoir. De jeunes garçons passent également servir l'eau. Le repas est rapide, puis il faut libérer la place pour que d'autres entrent à leur tour. Entre les deux, on nettoie rapidement le sol, avant que les portes ne s'ouvrent de nouveau. Avant de reprendre la route, il me faut aussi préparer le vélo avec des équipements arrivés de France.
Le 31 juillet, je quitte donc l'Inde après y avoir passé 8 mois, en ayant découvert de multiples régions, parcouru un pays aux mille facettes, testé une cuisine diverse, rencontré des gens admirables, avec parfois d'autres difficiles à comprendre ou à supporter, en ayant fait face à une circulation pas évidente voire dangereuse, mais avec des souvenirs qui resteront fabuleux de part mon arrivée au cap Comorin et ma traversée de l'Himachal Pradesh jusqu'au Ladakh. Parmi mes rencontres, il y a aussi les autres voyageurs pour qui je garde souvenir dont Anna avec qui j'ai pu partager un mois de route et atteindre Jaisalmer ensemble.
Mon entrée au Pakistan se fait par Lahore. Ma destination est à présent le nord, la route de la Karakorum et sa région puis la Chine. Je dois faire arrêt à Islamabad pour obtenir le visa chinois, qui me bloque 5 jours. De reste au camping, mon temps se passe à nouveau avec des rencontres, 2 couples, un Allemand, un Français, et un jeune Polonais à vélo qui n'en revient pas du temps libre que je peux m'accorder. Islamabad n'apporte rien au voyageur, de plus en août, la chaleur et l'humidité sont à leur comble, devenant insupportable.
Je repars le visa en poche vers une destination qui m'est chère, la Karakorum ou KKH, une route mythique qui s'en va au travers de l'Himalaya et permet de rejoindre la Chine du nord ouest à Kashgar. Dans un état fébrile, je repars vers Murree, une station de petite montagne, mais y accédant par une route rudement escarpée, juste bonne à faire peiner et souffrir un cycliste. Je dois même avoir recours au bus pour en finir. Murree ne me laissera pas de bons souvenirs, devant payer le prix extrêmement fort pour loger, se demandant si les hôtels ne sont pas d'un commun accord pour rouler les touristes. Le lendemain matin, la pluie ne m'empêche pas de repartir, rien ne me retient ici. La route reste toujours très difficile, me demandant parfois ce que je fais dessus. Pourtant je reçois encouragements des gens qui montent en voiture, me photographiant même par les fenêtres. Le trajet me prend un long moment, ne pouvant faire autrement que de pousser mon vélo. En arrivant au sommet, je me retrouve tout de suite entouré, les gens se demandant pourquoi je suis arrivé jusque là et d'où je viens. Ils en profitent pour me photographier de nouveau avec eux. On vient à m'offrir une boisson. Je fais également la rencontre d'une Bolivienne, qui m'invite à passer la voir. De là je m'en vais alors dans une longue descente vers Abbottabad, le ventre toujours vide, ne pouvant rien avaler. J'arrive en fin d'étape épuisé et fiévreux. Un jour d'arrêt m'est nécessaire avant de continuer, surtout que la suite est une route d'aventure. Mon prochain but est de rallier Gilgit pour me trouver une nouvelle fois au coeur de l'Himalaya. J'y parviens après 6 jours, menant une route en solitaire, pas un autre cycliste présent, et un trafic qui tend à disparaître. Je progresse par une température brûlante, sur une route en montée constante, en suivant la vallée de l'Indus. Je parviens à Gilgit à bout de force, épuisé, devant avoir recours à l'hôpital pour savoir ce qui m'arrive. Un repos de 5 jours va être nécessaire avant de pouvoir reprendre le vélo.
Je continue vers la portion la plus magique de la KKH, en arrivant dans la vallée de la Hunza dominée par plusieurs pics avoisinants les 8000 mètres. Je fais un arrêt à Karimabad, trouvant à loger avec vue sur ces derniers, le plus imposant étant le Rakaposhi, le tout formant un amphithéâtre extraordinaire, sans que jamais les yeux puissent s'en lasser. De cette route, je garde aussi le souvenir d'un vieil homme qui m'a hébergé. En lui signalant que je m'en allais pour dîner, il me fit signe de rester assis, me faisant comprendre qu'il y avait bien de quoi pour moi chez lui. Après 2 autres étapes je parviens à Sost, et le dernier point admissible pour le Pakistan. De là il faut faire les formalités de sortie et s'en aller vers la Chine via le col du Khunjerab en bus. C'est une longue route sur un haut plateau, et pour arriver à Tashkurgan, la première ville chinoise. La Chine apparaît comme un autre monde à elle seule, totalement différente des pays passés, avec des inscriptions uniquement en chinois et une population pour qui l'anglais est quelque chose d'inconnu. Une adaptation va être nécessaire. Une autre difficulté va être de faire du change, devenant possible qu'auprès d'un groupe d'hommes rencontrés dans un hôtel, où chacun vient à chercher dans ses poches pour m'apporter le montant juste, cela après négociation d'un taux ensemble, une chose que je n'avais encore jamais vécu.
Je reprends la route, quelques provisions dans les sacoches pour atteindre Kashgar, un lieu où beaucoup de voyageurs souhaitent passer. De ma baisse de santé, je reprends force et me sens de nouveau bien sur mon vélo, pour m'en aller par une route toute en travaux et forcément mauvaise. Au premier jour, je vais presque atteindre le col d'Ulugrabat Daban, pour y passer la nuit sous la tente par une température basse, proche de zéro. M'installant seul parmi les montagnes, au beau milieu de la nuit quelques hommes arrivèrent sur les lieux pour entretenir la chaussée, m'inquiétant un instant pour ma sécurité. Mais de cette nuit, je vais surtout connaître une seconde dégradation de mon état, accumulant les sorties répétées de ma tente et dans un froid glacial, cela pour me réfugier dans les broussailles pris par des coliques intestinales, à se vider ! De retour, gelé, je tressautais dans mon duvet. Une nouvelle fois mon estomac est devenu hors d'usage, me faisant souffrir et m'affaiblissant énormément. Je sors épuisé de ma nuit et au lendemain j'ai de grosses misères à repartir et à rouler. Je parviens au lac de Karakul, pour rester chez des Kirghizes. Je suis une nouvelle fois à bout de force et dans un état faible. Ma route pour Kashgar va s'arrêter là, devant avoir recours à un véhicule pour finir le trajet.