Inde


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Ma route : Delhi, Panipat, Kurukshetra, Ambala, Chandigarh, Kalka, Solan, Shimla, Narkanda, Rampur, Karchham, Sangla, Karchham, Recong Peo, Ribba, Puh, Yangthang, Sumdo, Tabo, Dhankar, Kaza, Kye, Lossar, col du Kunzum, Gramphoo, Tandi, Keylong, du 6-05 au 12-06-2005.


Mon retour à Delhi m'a permis de retrouver mes amis Shubho et Manisha qui une nouvelle fois vont me garder 2 semaines avec eux, me permettant de rencontrer à nouveau des gens de leur entourage, me recevant merveilleusement, ne voulant rien de moi sinon me revoir. Pendant cet intermède, j'ai pu préparer la suite de mon périple avec plusieurs choses, des informations sur les formalités, quelques achats facilités par le fait d'être à Delhi, mais surtout une remise en état du vélo par ce que j'ai pu acquérir à Colombo.

Je reprends alors la route au 6 mai pour m'en aller vers le nord et un périple que j'attends depuis longtemps en allant parcourir l'Himalaya. Je repars par la NH1, un axe important, mais qui va me permettre de rallier rapidement Shimla et de me trouver déjà au coeur des montagnes. Ce départ se fait par un temps très chaud, m'obligeant à boire énormément, faisant alors de nombreux arrêts en bord de route pour consommer du jus de canne à sucre. Je retrouve aussi la route avec son trafic et les risques encourus, les klaxons, le bruit, les rencontres toujours agréables en faisant stop dans les dhabas, ce sera le cas au troisième jour avec un couple de Mumbai qui m'invitera à leur table, curieux de me découvrir. Dès le premier jour je suis amené à couvrir 100 kilomètres, ne me gênant pas après un mois d'interruption, retrouvant le plaisir de rouler, peut-être même encore plus grand avec le vélo révisé, donnant une aisance plus grande avec les nouveaux équipements différents des anciens.
C'est après 4 étapes que je vais toucher Shimla, ce même jour démarrant dans une réelle ascension au départ de Kalka pour passer de 630 mètres à 2200 mètres d'altitude, progressant lentement à environ 10 kms/h. Après 3h30 de vélo et 5h30 de voyage, j'ai 40 kms de couvert, et rallier Shimla me paraît encore loin, qui est une étape de 90 kms. Mais je ne parviendrais pas à m'arrêter, devant couvrir la distance et arriver sur une ville aux dénivelés impressionnants, où il m'est parfois impossible de me rendre avec le vélo. Devant la parcourir uniquement en le poussant, je vais finir par la haïr. Par contre c'est une ville agréable à faire à pied, prenant plaisir cette fois, avec ses échoppes et ses petits marchés présents un peu partout, ses ruelles et escaliers permettant de s'y perdre. Mais c'est une halte chère devant y rester un court temps.

De là je repars avec l'envie profonde de découvrir le parcours que j'ai tracé, en m'en allant par la Hindustan Tibet Highway, une route de 600 kms qui s'en va vers le nord est et rattrapant la route de Leh. Par contre le changement me sera impossible, à moins d'être contraint ou de choisir de faire demi-tour. C'est un trajet pas facile qui va me faire rouler à des altitudes de 2500 à 3000 mètres, pour passer à des moments au-delà, et franchir mon premier col, le Kunzum à 4551 mètres. En route je me retrouve sur un parcours superbe, montagneux, avec des villages accrochés sur les pentes, des cultures en terrasses, des gens différents étant vraiment accueillants et plus respectueux. Au niveau culinaire, c'est une autre cuisine qui m'est servie, restant basique mais toute à mon goût, avec des paranthas (galettes fourrées de pommes de terre) et du curd (yaourt) au petit déjeuner, et aux autres repas du riz, des haricots rouges, du dal (lentilles), du subge (mélange de légumes verts), et des chapatis (pain local). Au fur et à mesure que j'avance, le bonheur et le plaisir vont grandissant malgré les difficultés.
L'étape suivant Shimla m'emmène vers Narkanda, continuant à monter, pour arriver à 2700 mètres. Je roule alors au travers de forêts de sapins, parvenant à apercevoir mes premiers sommets, trouvant la fraîcheur le soir venu, ce à quoi je n'étais plus habitué. Cette halte sera aussi mon premier accueil chez un pharmacien qui me laissera passer la nuit dans un gîte en rénovation. Le lendemain matin en repartant, je peux contempler sous un ciel bleu azur la chaîne himalayenne au loin. Mais je connais un accrochage avec un bus qui en me frôlant est sur le point de me renverser, déchirant une sacoche. C'est à nouveau la colère envers ces chauffeurs qui peuvent être dangereux, se rendant nullement compte de sa faute et continuant sa route. Une descente de 30 kms me fait rejoindre la vallée et la Sutlej, une rivière qui restera en proximité de mon parcours. Arrivé à Rampur, j'ai descendu à 900 mètres d'altitude. En route les localités sont petites et peu nombreuses, le trafic tend à disparaître, trouvant en chemin des bergers ou des gens se déplaçant avec des buffles et faisant arrêt le soir en bord de route pour monter un camp improvisé.
De cette bourgade, la route repart à l'ascension pour dans les jours suivant passer les 3000 mètres. Le parcours devient vraiment pittoresque, remarquable, prenant contours et détours, avec une succession d'images apparaissant et disparaissant, roulant tantôt à l'ombre d'une paroi rocheuse, le précipice lui faisant face, ou alors au soleil apportant quelques degrés bien appréciables. La halte que j'avais prévu ne sera pas possible, m'arrêtant alors dans le village précédant, cherchant à y rester pour la nuit. Je prends information pour mettre ma tente, puis on vient à me proposer un logement trop cher pour moi. On finit par me conduire à une personne qui souhaite me rencontrer, il s'agit d'un ingénieur en électricité qui me reçoit en compagnie de son adjoint. Je passe un moment à discuter avec ces personnes, me faisant servir le thé. Monsieur R.K. SOOD va à plusieurs reprises être au téléphone pour moi, venant à me proposer un endroit pour la nuit, une chance pour moi car dehors il pleut fort. J'ai seulement à me soumettre à un contrôle de passeport auprès de la police. Pour dîner, on viendra même me chercher pour m'y conduire.

De Bhabanagar je fais route vers Sangla, un village de montagne avec une vallée portant le même nom. C'est souvent que je mets le pied à terre, arrêter par ce que mon oeil peut capter, continuant à suivre la Sutlej, venant à passer d'un côté à l'autre en empruntant des ponts au plancher de bois, pas toujours rassurant, traversant un paysage totalement minéral. La montée vers Sangla va s'avérer d'une rudesse terrible, longue de 18 kms. Je peux y aller uniquement en poussant le vélo, stoppant régulièrement pour reprendre souffle, me retrouvant en manque alimentaire et peinant énormément. A 6 kms du but, je parviens à arrêter une jeep pour tout mettre à bord et finir totalement épuisé. Au village, j'ai qu'un besoin, me rendre dans un restaurant pour récupérer. Je retrouve un Hollandais, Chris qui voyage en 4x4, rencontré sur le chemin au moment où je me faisais embarquer. Sangla est un lieu plein de charme, calme, reposant, dans un cadre magnifique avec cette fois les sommets enneigés à proximité. C'est un endroit propice à la marche, que je vais partager avec Chris en allant découvrir le village voisin de Kamru, rencontrant ses habitants et découvrant la particularité remarquable des maisons avec les toits pentus faits de dalles de pierres. Une autre virée va nous conduire au dessus de Sangla, allant à la recherche d'un lac d'altitude, se rapprochant des sommets, et arrivant par une température froide sur un alpage, prenant un réel plaisir partagé ensemble. A Sangla, je fais aussi une autre découverte culinaire avec le pain tibétain, quelque chose qui fait son poids, copieux, à l'aspect d'un gâteau, savouré frais et chaud.
Je repars de Sangla avec la pluie et la grisaille, devant reprendre une tenue longuement laissée de côté. La route se trouve même coupée à 2 endroits par l'eau, devant malgré tout traverser. Une avarie de vitesse sur le vélo m'oblige à y regarder avant de partir à monter vers Recong Peo. Je vais en être épargné par l'arrêt d'un camion de l'armée me montant. Rendu là-haut, me rendant compte de la perte d'une pièce d'une sacoche, la rencontre d'un motard va me permettre de redescendre faisant une virée sur une 350 Enfield. A Recong Peo, je suis tenu d'obtenir un permis pour poursuivre ma route, prévoyant également des provisions. En allant à Kalpa, le village suivant, je tente un aperçu du Kinner Kailash, le plus haut sommet de la région avec 6050 mètres, mais cela est perturbé par les nuages. Durant ces 2 jours, je trouve plaisir dans un dhaba, en y allant dès le matin pour le petit déjeuner et finir ma journée le soir pour le dîner, goûtant à différentes choses, simples mais savoureuses.

Redescendu de Recong Peo, mon parcours est stoppé par les soucis de la région et les éboulis de pierres venant à couper la route. Le passage est devenu dangereux et impossible. Il faut alors patienter, faisant connaissance avec des gens de l'armée et 2 routiers. Ces 2 gars sympathiques, le moment venu me proposent d'aller déjeuner avec eux, venant même à m'offrir le repas. De retour sur les lieux, l'accalmie est présente, j'en profite pour traverser, passant bagages et vélo à la main avec le soutien et l'aide d'un groupe de gars présents pour le déblaiement. Cette fois je suis en route vers le Spiti, une région reculée et difficile d'accès. Je progresse lentement, étant souvent en regard de ce qui m'entoure, prenant un plaisir énorme. Une étape courte me fait faire halte dans le village de Skibba. Il est trop tard pour poursuivre, et interroge pour mettre ma tente. Finalement on me fait amener mes bagages dans une maison en arrière d'une épicerie, le propriétaire m'annonçant que je suis son invité.
Ceci est facilité au départ par la rencontre de H.S. NEGI, un banquier avec qui je vais passer un moment à discuter. Charan chez qui je loge, vit avec son jeune frère et un oncle. Après lui avoir annoncé qu'en France on se nourrissait de beaucoup de poisons, il a tenu à me préparer du thon qu'il avait en conserve dans sa boutique. C'est une soirée superbe que je passe avec ces gens, me retrouvant le moment venu à dormir entre Charan et son oncle, un pur Kinnauri conservant le chapeau local pour la nuit. Au matin, ils sont tout aussi remarquables avec moi, me préparant des paranthas, le beurre fondu dessus me coulant entre les doigts. Là encore, l'hospitalité est fabuleuse, me demandant juste de ne pas les oublier.

Je continue vers Puh et Sumdo. A Jangi, il y a le contrôle de mon permis en entrant dans la zone réglementée. Je continue à rouler dans un décor spectaculaire, les montagnes m'entourant, le torrent toujours présent, des couleurs fabuleuses, restant sans cesse émerveillé, souvent stoppé par les effets que le regard peut ressentir, pour donner temps et admiration à chaque chose, par le fait qu'en roulant je dois avoir les yeux sur la route, veillant aux précipices, aux obstacles, aux parois rocheuses disloquées, mettant crainte à une tombée possible, et puis à tous les virages et épingles dans lesquels il faut passer avec prudence. Passé Spello, un garçon descendant d'un véhicule m'arrête en me voyant arriver avec mon vélo, curieux de me rencontrer. Il s'agit d'un jeune moine, Ram Kedar, séjournant au monastère de Tabo et qui rentre dans son village à 11 kms de marche de la route principale. Il vient à me proposer de l'accompagner, me disant que pour moi ce serait quelque chose de particulier. La tentation et l'envie prenant le dessus, je choisis de le suivre. Mais ça va s'avérer un véritable trek auquel ni lui ni moi on s'attendait. On doit régulièrement reprendre souffle, se lâchant rires et sourires, s'acharnant à faire grimper l'engin, devant se débarrasser de bagages en cours de route chez des villageois pour alléger le vélo. C'est après une longue chevauchée et plusieurs heures de marche qu'on parvient au village proche des sommets, immédiatement ne regrettant pas tous ces efforts. Nous sommes accueillis chez sa mère, découvrant alors l'habitation et la vraie vie des Kinnauris. Les maisons sont basses, aux toits plats, à l'intérieur sombre, avec une pièce principale tenue chaude par un petit foyer au sol qui sert aussi à la cuisine. En partie souterraine, c'est la place pour les animaux et le fourrage. C'est un nouveau moment extraordinaire en compagnie de ces gens passant la soirée à discuter ensemble, attendant le repas typiquement local, rassasié à plus que j'en veux. Pour la nuit je partage la chambre avec Ram Kedar. Au matin, la fraîcheur est présente avec un réveil avant 6 heures. Je me rends aussitôt dehors pour profiter du panorama, l'appareil photo à la main pour marquer le souvenir. Le village est déjà en activité pour une fête qui se prépare, les femmes sont en réalisation de pouris. Nous entamons notre descente ensemble jusqu'à ce que je récupère mes bagages, nous arrivons au même moment sur la highway, un bien grand mot pour être parfois un chemin.
Je continue vers Puh en espérant faire arrêt à Khab. Mais ce village va se trouver en dehors de ma route, ne sachant alors que faire, la fatigue présente, me trouvant seul dans ces gorges. La première voiture arrivant, je parviens à la stopper, cherchant d'abord renseignements auprès d'un homme qui va me proposer de m'emmener. Le vélo sur le toit de la voiture et les bagages à l'intérieur, on entame l'ascension vers Yangthang, proche des 4000 mètres d'altitude, entrant dans la vallée de la Spiti. C'est donc une nouvelle aide qui m'est apportée, et des efforts d'épargnés. Il me reste alors que quelques lacets à passer pour arriver sur le village sans même le savoir. Je me retrouve dans un décor fantastique, de hautes montagnes devant moi, la neige à leurs sommets, et une vallée encaissée à leurs pieds où coule la Spiti. Le spectacle est aussi fascinant de jour comme de nuit, avec la pleine lune présente. Cet arrêt va me permettre de monter jusqu'à Nako, vélo à vide.

L'étape suivante est Tabo, mais c'est un début de parcours laborieux, avec la route défoncée, encombrée d'éboulis, poussant le vélo dans un amas de pierres, devant à certains moments faire passage par moi-même, mais recevant l'aide de touristes contraints de traverser à pied pour trouver un second transport de l'autre côté. Sur cette étape, je passe Sumdo, quittant la zone contrôlée, avec le Tibet dans mon dos. Tabo me fait arriver dans une large vallée, et retrouver Chris au monastère, un voyageur rencontré auparavant. Ici, nous commençons à prendre connaissance pour le col du Kunzum, les choses ne semblant pas bonnes pour son passage dans les prochains jours. Nous laissons alors les jours s'écouler en compagnie de d'autres voyageurs, Français, Suisses, Ecossais, Danois, Anglais.
De Tabo, je mène une petite étape jusqu'à Dhankar pour découvrir son monastère accroché à un rocher, où peu de gens montent et restent, si bien que je passe une soirée seul avec les moines. Je me fais aussi accueillir dans une famille, partageant ainsi la vie des gens d'ici. Dhankar est situé une nouvelle fois dans un cadre remarquable. De là, la route me conduit vers Kaza, puis un autre monastère, celui de Kye. Après des moines, c'est avec des nonnes que je dîne, seul voyageur que je suis. Cette fois je me trouve proche du col du Kunzum, puisque j'ai plus que Lossar devant moi pour dernière étape. Malgré cela je continue mon avancée, sachant que je suis en avance, et que passé ce point, je ne sais pas ce qui peut m'attendre. C'est une longue route ne trouvant rien ni personne sinon quelques petits lots de maisons entourés de petites parcelles cultivées. Le reste n'est que rocailles et zones désertes, continuant à remonter la Spiti. Je peux traverser de grands alpages, avec quelques animaux les paissant, et un vent me contrant. L'arrivée à Lossar est pénible, mais je ne lâche pas. Ici, pas un touriste, seuls les locaux qui ne m'annoncent pas de bonnes choses pour la suite, sinon avant 10, 15, 20 jours. C'est à mon deuxième jour ici, qu'une hypothèse possible va se présenter avec l'arrivée d'un autre cycliste, Elia, un Italien. Nous allons alors convenir de faire cette traversée ensemble, qui tantôt nous est annoncée possible, et à d'autres moments inimaginable et dangereuse. Une solution est de partir avec des porteurs pour passer vélos et bagages. Un départ est donc prévu avec 3 personnes, et un véhicule pour nous conduire en haut du col, dernier point accessible. Mais cela me paraît flou et incertain, pourtant on nous dit "no problems".
Au matin de partir, rien n'est en place et le véhicule en panne. Il faut le passage d'un tracteur avec une remorque pour se faire embarquer, partant à tous les 2, sans aucune aide, ne sachant quel lieu nous allons rallier ce soir. C'est un trajet épouvantable, se faisant secouer à outrance, me disant, "plus jamais cela". De plus c'est pour se faire laisser au départ de la montée. C'est 9 kms qui nous séparent du col, roulant plus sur un chemin que sur une route, avec des pierres et de la boue, les difficultés apparaissant pour pousser le vélo, tout devenant rapidement blanc, ayant plus que neige autour de nous, rendant une eau inondant le tout pour avoir les pieds trempés et glacés, étant les seuls à monter. Finalement, c'est à 13 heures locale et par 9 degrés que l'on parvient au sommet. C'est une nouvelle satisfaction et fierté d'arriver à un endroit pareil. On peut alors entamer la descente vers Batal, pas plus facile qu'à la montée avec l'eau coulant de partout, devant chercher le meilleur passage, et éviter la chute. On nous avait annoncé l'accessibilité à ce village, on va pourtant trouver obstacle avec un bulldozer faisant le passage. En contrebas, ça ne semble pas meilleur, tout comme la météorologie avec la grisaille nous tombant dessus ainsi que des brins de neige. Ne sachant le temps nécessaire au déblaiement, on envisage de planter la tente pour la nuit. Mais 2 gars vont nous venir en aide, un de Batal et l'autre Népalais, nous permettant de rallier ce point pour la nuit. C'est une aide précieuse, prenant nos vélos en main à certains moments, pour descendre des pentes terreuses. Nous finissons épuisés, pris par le froid, attendant un repas pour se réfugier ensuite dans le duvet.
Tanzin, le gars de Batal nous conseille de poursuivre avec des porteurs si l'on veut parvenir à traverser les 45 kms qui ne sont pas encore ouverts à la circulation. Mais seul Raju le Népalais va continuer avec nous, en échange d'une nourriture, d'un lit et d'argent de poche. Nous partons donc pour 3 jours d'une rudesse incroyable et des risques présents, mais nous ne pouvons faire que marche avant. Nous rallierons les villages les uns après les autres, couvrant des distances journalières de 16 à 17 kms, nous faisant pourtant partir le matin à 9 heures pour en finir le soir à 16 heures. Chaque jour, c'est amplement suffisant, nous amenant des douleurs physiques, et l'épuisement s'accumulant un peu plus chaque jour, car durant tout ce temps on ne pourra aller autrement qu'en poussant le vélo. A de nombreuses fois, le parcours se trouve bloqué par des coulées de neige, par des glaciers s'étant formés jusqu'à tomber dans la rivière Chandra, par des éboulis de pierres et de rocs, par la route disparu sous tout cela, ou encore s'étant écroulée. Bien souvent, il est impossible de traverser à vélo, devant alors passer les bagages les uns après les autres, puis le vélo, pouvant se répéter à quelques centaines de mètres d'écart. Parfois, les coulées de neige nous permettent de traverser en poussant l'engin, demandant des efforts surhumains et apportant l'épuisement. Le plus incroyable, mais aussi dangereux sera au deuxième jour en devant escalader la montagne pour traverser un glacier en partie haute, puis redescendre de l'autre côté, portant tout à dos. Il faut d'abord partir en reconnaissance, puis revenir chercher le matériel, le prenant à dos pour une seconde escalade, et s'en aller de l'autre côté de ce glacier. La chute à ce point comme à d'autres aurait été fatale à l'un comme à l'autre. Je cherche donc à adopter la plus grande prudence.
Mais tout cela se passe dans un milieu et parmi une nature totalement extraordinaire, où la fascination, l'admiration et la contemplation sont à leur maximum, et ô combien heureux de traverser cette région, se sentant privilégié malgré toute la dureté que ça représente. Le bonheur est immense de parvenir ici, surtout qu'auparavant on voulait que je fasse demi-tour. Après le chaud de la journée, le soleil couché, il faut faire face au froid de la nuit, trouvant un matin du givre sur le vélo, dormir sous tente, et se contenter d'une nourriture basique. En route, un pèlerin vagabond va nous accompagner, à la recherche d'une nourriture, une personne sourde et muette, ayant qu'une couverture pour bagage.

Après 5 semaines de voyage depuis Delhi, je boucle la traversée du Kinnaur et du Spiti qui apparaît pour le plus mémorable jusqu'à présent, mais aussi le plus difficile. La suite, c'est de toucher Leh, en traversant si possible la vallée du Zanskar, un autre rêve en moi.