Inde


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Ma route : Jaisalmer, Pokaran, Phalodi, Osiyan, Jodhpur, Pali, Sadri, Ranakpur, Udaipur, Kherwara, Modasa, Godhra, Vadodara, du 10 au 27-01-2005.


2005 démarre avec quelques jours de plus à Jaisalmer, lieu où chaque voyageur que nous sommes avons du mal à repartir. Depuis que je suis avec Anna, elle me parle de "camel safari", nous envisageons plusieurs circuits et finalement décidons de s'enfoncer davantage dans le désert du Thar vers le Pakistan. Nous partons pour 4 jours avec de toute manière un retour pour moi au-delà, Anna étant incertaine. Munis de provisions en nourriture et en eau, nous quittons la ville en jeep pour retrouver notre guide et ses dromadaires à 40 kilomètres. Après répartition des charges sur les animaux, nous pouvons démarrer. Nous sommes tout de suite amenés à prendre en main la bête, pour la faire se lever, la faire se coucher, la faire avancer, la diriger. Ce n'est pas une partie toute simple, surtout que c'est réputé être têtu. Le mien étant toujours à la traîne, il faut le pousser à avancer et parfois se trouver à faire du trot, franchement pas agréable. Bien que la région semble inhospitalière à tout, on trouve quand même de petits villages, se demandant pourquoi les gens restent vivre là où rien n'est cultivable. Seuls les animaux peuvent assurer leur subsistance.

A chaque halte que nous faisons, notre guide doit d'abord débarrasser les dromadaires de leurs fardeaux, alors que de notre côté, nous cherchons le bois mort pour le feu et préparer le repas. La nuit venue, c'est au milieu des dunes de sable que nous plantons le camp, bénéficiant alors de superbes couchers et levers de soleil, de cieux étoilés, du calme du désert, de se retrouver uniquement entre tous les 3 pour passer des soirées sympathiques à la simple lueur du feu.
Ces 4 jours écoulés, je fais retour alors que Anna reste là. C'est donc au milieu du désert, non pas sur nos vélos, mais sur un dromadaire que nos routes se séparent.
Avant de quitter Jaisalmer, je peux faire de nouvelles rencontres de cyclistes, Français cette fois avec Roger et Monique de Vendée. Ce sont de vrais passionnés du vélo, et veulent se consacrer à présent plus qu'à cela. Roger le pratique depuis de longues années et l'écouter en parler est un plaisir.

En repartant je fais route vers Jodhpur, en reprenant le même itinéraire jusqu'à Phalodi. Le premier jour me voit couvrir une étape de 120 kilomètres, se passant bien, alors que les suivantes seront difficiles, pénibles physiquement, devant se forcer à avancer, avec un vent contraire et un afflux de poids lourds agaçants.
L'arrivée à Jodhpur m'amène à découvrir une grosse ville, la deuxième du Rajasthan, et tout comme Jaipur avec un trafic important de 2 roues et touk touk. C'est une ville également polluée par ces petits engins. Au coeur de la vieille ville règne un commerce en tous genres, tout peut s'acheter, chaque rue est bordée d'un tas de petites échoppes, leur propriétaire se trouvant assis en devant, en discussion, en lecture, à boire le thé, ou encore assoupis. Malgré cela, se nourrir n'apparaît pas facile, les restaurants semblent absents, hormis au sein des guest-house, par contre les lieux où l'on fait et vend tout ce qui a attrait aux sucreries et pâtisseries locales sont présents partout. La ville est célèbre par son fort la surplombant, et y monter me permet de découvrir des bâtiments à la teinte lui valant le nom de ville bleue.

Après 2 jours, Jodhpur me suffit. Je poursuis donc ma route cette fois vers Udaipur. En repartant je roule à nouveau facile, mais la première nuit va s'avérer catastrophique. En se passant en bordure de route, les allées et venues des camions ne cessent, en continuant à faire retentir les klaxons, de la pure folie. De l'autre côté de la chambre, c'est une musique qui va être présente toute la nuit, et avec tout cela je sens défaillir mon estomac avec le dîner de hier soir. Au matin je n'ai qu'une hâte, quitter les lieux sans pouvoir rien avaler sinon un coca cola en espérant qu'il soit réparateur. La journée s'annonce une nouvelle fois longue et pénible, en prévoyant couvrir 90 kilomètres. Au premier arrêt, il me faut trouver à m'alimenter. Mais je fais déjà preuve d'épuisement, et cherche à rester sur place pour du repos. On m'annonce d'abord qu'il faut poursuivre 20 kilomètres plus loin, mais j'en suis pas capable. On me propose alors l'hôpital et de voir le médecin qui est sur place. Soulagé, je m'y laisse conduire, et suis superbement reçu. On cherche à savoir ce qui m'arrive, le médecin m'examine et me fait une prescription, on s'en va récupérer des médicaments, et souhaitant du repos, on m'installe dans une pièce attenante à l'école. On est vraiment en surveillance sur moi, et en fin de journée, on m'amène de quoi reprendre à m'alimenter. Au matin je me sens en partie rétabli pour poursuivre mon périple. Le plus extraordinaire, c'est que l'on refuse tout paiement de ma part, me disant que si je suis arrivé là, c'est parce que les dieux m'y ont amené, et qu'ils sont donc tenus de prendre soin de moi. Une nouvelle fois, des gens généreux pour moi, que je salue et remercie.

Il faut attendre d'arriver sur la route de Ranakpur pour pouvoir rouler à nouveau au calme. Je m'en vais vers les monts Aravali, pour découvrir en fin de journée les temples Jaïn de Ranakpur. A ma surprise, il n'y a pas de village, mais que le site, me posant la question pour la nuit. Mais à mon grand bonheur un dharamsala est présent, et un repas est même servi avant le coucher du soleil, et tout cela pour trois fois rien, un demi euro. Je suis heureux de me retrouver en pleine nature, éloigné de tout pour une vraie nuit au calme, en étant le seul touriste à rester là après la fermeture du site. Au matin, en annonçant que je fais route vers Udaipur, on me dit que ce n'est pas possible à vélo, que c'est trop abrupte. Et en effet, je vais vite m'en rendre compte, peinant, m'essoufflant, devant pousser le vélo. Les Aravali me font du mal, mais en contre partie le contexte est superbe, étant sur une toute petite route, pour ainsi dire seul, trouvant des villages agréables à traverser et les gens travaillant dans les champs. Je découvre un système d'irrigation pas encore rencontré, une roue à eau à godets entraînée par des boeufs. L'arrivée à Udaipur ne pourra se faire ce jour même, la distance étant trop longue avec 90 kilomètres.

La halte à Udaipur devient pressante, me sentant à bout de force, il me faut du repos, et entreprendre un traitement pour me rétablir car les jours passés jusqu'ici, j'étais vraiment sans jambes, courbaturé, mes bras me faisant mal, avec aucune vigueur. Udaipur n'est plus ce qu'elle était, l'attrait touristique de son lac a disparu avec une sécheresse durant depuis un an, et donc l'ayant asséché en quasi totalité. Reste plus que ses 2 îles, dont Jagniwas portant le Palace Hôtel, lieu d'un ancien palais royal. Depuis les ghats, plus rien ne se passe, plus de bain des gens, et plus de dhobi (lessive). Je me laisse donc aller au repos et cherche à m'alimenter du mieux possible. Pour ce faire je trouve 2 superbes places, une pour touristes et une pour gens locaux, prenant presque plus de plaisir dans ce second lieu. Je n'arrive pas à acquérir le calme que je souhaitais, et après 3 jours je reprends le vélo.

Ma nouvelle destination est Vadodara. Cela me fait repartir par un axe important et suis en crainte de retrouver la même galère que sur la route après Jodhpur. Je suis rassuré en arrivant sur une 2x2 voies, m'apportant sécurité et un superbe revêtement. Je me vois alors à rouler à 25, 30 kms/h avec des étapes dépassant les 100 kilomètres. Le plaisir de rouler revient, la traversée des Aravali se poursuit. Ce bonheur va seulement durer une journée et demi, car passé Modasa, là où je franchis le tropique du Cancer, c'est sur terre et cailloux que je dois faire face, par une route en pleine réfection, et cela pour pratiquement 100 kilomètres. Cela devient alors galère avec crainte pour le vélo et les crevaisons qui ne m'épargnent pas. L'arrivée à Vadodara se fait au bureau d'un journal local pour le récit de mon aventure, mais aussi par un premier accrochage avec un scooter. Les jours que je vais rester là vont être consacrés au vélo, pour réparation, mise au point et recherche de pièces. Vadodara est une ville moyenne, où l'activité se passe autour de la gare, le trafic des trains est intense et une nouvelle fois les nuits sont rythmées par leurs sifflements. Ce qui va le plus me surprendre, c'est un camp de gens vivant sous des abris de fortune, fait de débris en tous genres et de sacs de jute, comme des réfugiés. Et le côté paradoxal de tout cela, c'est de trouver une banque en face. Ici la misère est à nouveau présente, la rencontrant également sur les trottoirs.