Inde


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Ma route : Delhi, Gurgaon, Berhor, Amber, Jaipur, Dudu, Kishangarh, Pushkar, du 22 au 29-11-2004.


Ma rencontre à Delhi avec Shubho et Manisha restera quelque chose d'extraordinaire. Dès le premier jour, après l'avoir contacté de l'aéroport et fait route vers chez lui, il était à l'entrée de son quartier à m'attendre, me criant en me voyant "Hervé c'est Shubho", alors qu'on ne se connaissait pas. Une fois de plus le vélo fut le lien moteur entre lui et moi. De chez eux j'ai pu préparer un nouveau départ, m'aidant, me renseignant sur chaque petite chose dont j'avais besoin. Sa passion pour le vélo nous fait partir un matin tous les 2 pour une virée, découvrant la vraie vie indienne, en me disant que sans doute très peu de voyageurs ont cette chance. Il va se démener pour moi, jusqu'à courir je ne sais combien de boutiques pour me trouver de la visserie probablement inexistante en Inde, mais il persiste à chercher. En partageant leur table, j'ai pu découvrir les premiers délices d'une nouvelle cuisine, cette fois végétarienne et ô combien plus appréciable pour moi après tout ce que j'avais pu voir comme charcuterie et viande dans les pays passés. Ce fut aussi l'occasion de rencontrer des gens de leur famille et leurs amis. A chaque fois Shubho me demande de présenter mon vélo, pour recevoir une réelle admiration. Cela m'a permis en circulant à vélo dans Delhi de me lancer à rouler à gauche, d'appréhender la circulation indienne avec un trafic épouvantable, me retrouvant noyé au milieu d'un nombre impressionnant de véhicules, vélos, cyclo-pousse, motos, touk touk, voitures, bus, les uns sur les autres, pas une place n'étant perdue sur la chaussée, et avec un tintamarre de klaxons. Ce sont aussi des odeurs déjà connues que je retrouve, mais plus marquant la pauvreté avec des mendiants, des estropiés, des gens vivant sous tentes en bordure de routes ou dans des endroits totalement insalubres, et bien sûr la présence des vaches.

En repartant, je laisse une famille formidable, de nouveaux amis qui m'attendent à mon retour du sud, et à qui j'adresse un grand merci pour leur accueil, leur hospitalité, leur envie qu'ils ont eue de me rencontrer, me permettant de les connaître. Je suis heureux de reprendre la route après ce long arrêt, ce qui ne va pas m'empêcher de rallier Jaipur à 260 kms en 2 jours. Il faut atteindre 40 kms après Delhi pour retrouver une circulation moins pressante, avec principalement des poids lourds, mais je roule sur un axe important. De gros travaux sont en cours pour une 2 fois 3 voies, mais ce qui me surprend le plus, c'est de voir de quelle manière ça se fait, et de voir autant de femmes à travailler sur les tâches les plus pénibles, à étendre du remblai à la bêche ou à porter des paniers de pierres sur la tête. A chaque arrêt le vélo suscite d'être regardé et observé de très près, si c'est une pause déjeuner, on vient s'asseoir à ma table, me regardant manger mais aussi me posant des questions sur qui je suis, d'où je viens, où je vais, sur le vélo. Tout au long de ma route je ne cesse de recevoir des bonjours, venant très souvent des routiers ou encore de jeunes à scooter qui viennent à m'accompagner un bout. J'essaie d'adopter un autre rythme que précédemment en essayant de finir mes étapes plus tôt, par le fait aussi que la nuit est tombée à 18 heures.

L'arrivée à Jaipur me replonge dans une cohue de cyclo-pousse et vélos. Cette fois je suis loin d'être le seul à utiliser cet engin. En effet, en Inde hors mis de se déplacer avec, il est utilisé au transport d'un tas de choses, croisant parfois de lourds ou d'encombrants chargements. Traverser la ville demande une vraie patiente et adresse pour ne pas risquer de se faire accrocher. Malgré cela, elle est particulière à découvrir, avec la couleur ocre de ses bâtiments lui valant le nom de ville rose. Y règne une atmosphère grouillante, active, commerçante, avec un tas de petits métiers rencontrés dans la rue, depuis les laitières aux réparateurs de vélos, teinturiers, gens formant des ustensiles et j'en passe. C'est une ville bruyante et polluée où il m'est difficile de rester longtemps. Le temps d'une demi-journée, je me suis échappé au fort d'Amber, lieu très prisé par les touristes, peut être le plus visité des environs de Jaipur. Les bus sont déjà entassés sur le parking, des éléphants ne cessent de faire des rotations jusqu'à l'entrée du fort chargés sur leur dos des moins courageux pour gravir les marches. Une pause déjeuner à Amber sur la place centrale me permet de m'insurger au milieu d'Indiens et en m'arrêtant à une échoppe locale de goûter aux samosas et autres en-cas de ce genre.

En poursuivant ma route vers Ajmer un arrêt chez des villageois m'attendait, adresse obtenue par Shubho à Delhi. En y faisant route, je ne savais trop où je m'en allais, n'y vraiment la route à suivre, en ayant en ma possession uniquement le nom d'une personne et celui du village. Je devais me fier aux indications des Indiens rencontrés, me poussant à chaque fois à poursuivre plus loin. En finissant sur une route de cailloux, j'attendais de découvrir Laporiya, arrivant avec un vieil homme rentrant avec ses chèvres. La personne à laquelle j'avais été annoncé n'était pas là, mais vraisemblablement on m'attendait. A nouveau le vélo créait discussions, regards, commentaires, analyses, admiration. On me montrait l'endroit qui m'avait été préparé pour dormir, m'apportait un nécessaire pour la douche, puis un copieux repas. Je me trouvais dans un endroit qui n'avait rien à voir avec les villes passées de Delhi et Jaipur. La circulation et la pollution, la cohue des véhicules avaient disparues. Seulement 3 ou 4 taxis jeep rallient Dudu à 45 minutes de là. Dans chaque maison on vit de la terre, avec 1 ou 2 vaches et une vingtaine de chèvres, sous un climat aride obligeant à irriguer pour récolter quelque chose. C'est fabuleux ce que je vis pendant 2 jours avec la rencontre des gens, en entrant chez eux, chacun cherchant à me rencontrer et à me recevoir, pour partager le thé ou me faire goûter des spécialités du Rajasthan comme les "bazra chapati", et y tenant, me disant que si ce n'était pas maintenant, on m'attendait demain. La découverte du village est passionnante avec ses maisons de terre et leurs peintures en décoration, ses ruelles parcourues par les habitants, les hommes et leurs animaux, les femmes revenant du puits les cruches à eau sur la tête, la rencontre du potier, de l'agence téléphonique, du vendeur de thé, des enfants me courant après. Malgré cela les gens se demandent pourquoi je suis venu jusque là et pourquoi j'y reste. Partout comme précédemment, on cherche à me retenir et me faire partager plus. Parti une journée avec un Indien à moto, je me suis retrouvé dans les villages alentours, découvrant, rencontrant, visitant une école où des écoliers votaient pour le parlement des enfants.

De là je continue vers Pushkar, lieu réputé pour sa foire aux dromadaires, qui vient juste d'avoir lieu, réunissant un nombre impressionnant de visiteurs et de têtes de bétail. C'est une ville ou plutôt un gros bourg, que certains routards viennent parfois à adopter pour un temps assez long, ayant un vrai charme par l'architecture de ses bâtiments et leurs couleurs, son lac entouré de ghats, son côté calme, reposant, ancien, ses boutiques en tous genres et ses gargotes, les marchés colorés aussi bien par les variétés de fruits et légumes que les saris portés par les femmes. On y croise de nombreux sadhus, le côté saint de Pushkar les réunissant. Et puis je vis des scènes typiquement indiennes avec par exemple l'informatique restant bloquée, ne démarrant pas, une imprimante ne fonctionnant pas ou n'imprimant pas ce que je veux, alors qu'au départ on me dit "it's OK, possible, no problem". Autre fait, proposer ou vendre quelque chose qu'ils n'ont pas. Pour tout cela, il ne faut pas s'affoler, être patient, le prendre à la rigolade, adopter le rythme indien et tout se passe bien. Pushkar me fait faire aussi la rencontre d'une Allemande, Annemarie qui voyage à vélo depuis 2 ans et demi. Cela se passe chez un peintre artiste car elle souhaite personnaliser son vélo en y portant les drapeaux des pays qu'elle a traversés. Depuis mon départ, c'est la première personne que je croise effectuant un long périple, et forcément on échange nos parcours. Le fait qu'elle loge dans une famille indienne va nous amener un soir à partir à 3 sur un scooter, sans savoir où on se dirigeait. Nous sommes arrivés dans une assemblée de personnes qui fêtaient un mariage. Chose incroyable, la personne qui nous a conduit là va nous faire découvrir la soirée en nous présentant d'abord au marié, et pour Anna la mariée qui se trouve qu'avec des femmes. De là, il y a eu la distribution des présents avec énormément de saris et des bijoux. On a eu le droit ensuite à assister à la préparation du marié pour la séance photos. Nous sommes placés en première loge, je suis invité à photographier les mariés, et l'on va même poser avec eux. La soirée ne se terminait pas aussitôt puisqu'il fallait ensuite se rendre pour le repas, que l'on prend assis au sol, dans un plateau de feuillage, et des gens passent un seau à la main pour servir. La rencontre du peintre va nous faire le soir suivant se retrouver également à un autre festin indien toujours suite à un mariage. Le travail de peinture démarré, en compagnie d'Anna je passe le clair de mon temps avec cet homme admirant son travail, partageant nos vies et le thé. Le premier vélo fini, il me sollicite pour faire le mien, indécis d'abord, finalement il a travaillé 2 jours dessus en y archivant mon périple passé, allant à y porter l'image du dieu Hanuman, me disant qu'il est perçu comme le dieu du courage et de la force. La place où il travaille donne sur la rue et un tas de gens s'arrête voir ce qu'il fait, amenant à des discussions, le travail se faisant lentement, au rythme indien, ça va me faire rencontrer 2 Françaises et me retrouver le soir venu à partager un dîner en leur compagnie, chez cet homme pour un repas typiquement indien. Il se passe en compagnie de sa femme et d'un de ses fils, après quoi ils nous font partager des albums photos. Il y avait une joie réciproque, eux de nous recevoir et nous de pouvoir se retrouver avec eux et chez eux.